PRESSIONS. On connaît le talentueux dessinateur israélien Michel Kichka, l’auteur de Deuxième Génération - Ce que je n’ai pas dit à mon père, une BD de référence sur la Shoah, de Fallafel sauce piquante où l reconte son Allyah et récemment de L’Autre Jérusalem, où il évoquait la situation en Israël pendant la pandémie mondiale du Covid (tous publiés chez Dargaud). Kichka enseigne à l’Académie des Arts et du Design Bezalel à Jérusalem, travaille pour Courrier International, la chaîne d’information américaine CNN et l’International Herald Tribune. Traduit en polonais, il fait l’objet d’une exposition de ses œuvres eu Musée d’Art moderne de Cracovie.
Mais voilà, le contexte de la violente attaque de Tsahal contre Gaza en réplique au pogrom du 7 octobre pèse sur cet événement. L’organisation Kraków dla Palestyny a manifesté jeudi lors de l’ouverture de l’exposition au Musée d’Art Moderne MOCAK de la ville. Dans une lettre à la directrice du MOCAK, Maria Anna Potocka, l’organisation avait écrit que « face au génocide de la population palestinienne perpétré par Israël, la programmation de cette exposition est un geste honteux. »
Or, Michel Kichka, membre actif de l’association Cartooning for Peace, longtemps militant pour l’entente entre les Palestiniens et Israël (il était régulièrement en contact avec ses homologues palestiniens), avait noté en préambule de son parcours : « L’exposition montre une sélection des dessins que j’ai réalisés sur deux guerres différentes : une guerre dans mon pays d’origine et une guerre dans un autre pays, loin de chez moi. »
Il ajoutait : « Habituellement, en temps de paix, je dessine avec un sourire, avec du sarcasme et une douce provocation. Depuis le 7 octobre, date de l’attaque barbare d’Israël par le Hamas, ma manière de dessiner a changé. Avec mon crayon et mon pinceau, j’essaie de soutenir mon peuple, de donner de la force aux familles des otages, d’exprimer mon profond deuil aux familles qui ont perdu leurs mères, pères, filles, fils, sœurs et frères, d’envoyer mon empathie aux blessés, aux traumatisés et à ceux qui sont devenus des réfugiés dans leur propre pays. »
Il se dit critique vis-à-vis de la politique et des priorités de son gouvernement et « inquiet pour les victimes innocentes des deux côtés. »
Il est exprime aussi son dégoût pour le dictateur russe et témoigne sa solidarité avec le peuple ukrainien.
En dépit des pressions, la directrice du MOCAK a décidé de maintenir l’exposition et rappelle qu’en 1968, les artistes polonais de l’époque n’ont pas été punis en Europe pour avoir été les citoyens d’un pays qui avait participé à l’invasion de la Tchécoslovaquie.
DP
Michel Kichka. Cartooning on the Frontline
Du 12.04.2024 > 15.09.2024
MOCAK Museum of Contemporary Art in Krakow
ul. Lipowa 4
30-702 Krakow
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
