Grant et Sarah ont enfin retrouvé leurs enfants, Pia et Nate, dispersés au sein du multivers et de son infinité de mondes. Mais cela s’est fait au prix du multivers lui-même : le cœur de « l’Oignon » est atteint par le mal qui ronge les dimensions les unes après les autres. La menace finale est désormais Doxta. Nos héros, après avoir mis de côté Kadir et ses manigances, constituent comme une équipe de super-héros pour venir à bout de la sorcière et reconstruire le multivers. Un happy end donc ? Pas si sûr...
Sur cet ultime canevas, Rick Remender propose un dénouement surprenant à plus d’un titre. Surprenant et déceptif serait-on tenté de dire, à l’image de la série, mais pas décevant pour autant. En effet, ce dénouement déjoue les attentes les plus évidentes. Jeux d’évitement, usages d’ellipse et de montage en parallèle de fils narratifs distincts permettent ainsi de broder un épilogue recelant lui-même plusieurs retournements de situations.
Le scénariste montre là tout son talent de conteur, même si l’on ne peut s’empêcher de lâcher, en toute fin de lecture, un « tout ça pour ça » désabusé, tout en étant conscient qu’il s’agissait certainement de l’effet recherché par l’auteur. Ni soulagement, ni émerveillement final pour Black Science. On quitte la saga circonspect, mais pas frustré non plus. Étrange impression, en fin de compte, laissée par une aventure qui s’ouvrait sur la promesse d’un horizon infini et qui s’achève en se repliant sur elle-même. On restera peut-être davantage nostalgique des planches de Matteo Scalera, toujours aussi splendides et puissantes.
(par Aurélien Pigeat)
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Black Science T9 : "Mnestérophonie". Par Rick Remender et Matteo Scalera. Sortie le 28 février 2020. 15 euros.
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