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Gung Ho, T. 3 Sexy Beast - Par Von Kummant et Von Eckartsberg - Editions Paquet

Par Patrice Gentilhomme le 25 juillet 2017                      Lien  
Après deux ans d'attente, nous retrouvons cette petite communauté réfugiée en pleine nature après qu'une mystérieuse catastrophe ait vraisemblablement anéanti une partie de l'humanité.

L’ensemble de l’Europe serait devenue une zone dangereuse aux mains d’étranges créatures voraces et cruelles, sorte de singes blancs mutants, massifs et très agressifs, les Rippers. Enfermé dans ce camp retranché aux allures de Club Med rustique, hommes, femmes et ados cohabitent tant bien que mal. La colonie est à court de fournitures, d’armes et de munitions et de nourriture. Les demandes d’aide aux villes les plus proches restent infructueuses. Tous s’apprêtent à affronter une nouvelle vague blanche de Rippers. La vie devenant de plus en plus difficile , les relations au sein de la colonie se tendent encore davantage.

Car si le danger rode à l’extérieur, c’est bien à l’intérieur des palissades de ce « Fort Apache » que se déroulent les conflits les plus rudes et les plus tendus. Au prétexte de protéger au mieux leur progéniture, un certain nombre d’adultes s’érigent en maîtres absolus, s’autorisent des droits et des privilèges.

Gung Ho, T. 3 Sexy Beast - Par Von Kummant et Von Eckartsberg - Editions Paquet

Les deux premiers tomes de la série nous décrivaient la montée progressive des tensions entre les adultes et ces adolescents avides de liberté, de provocations et de défis à l’autorité. Éveil à la sexualité, opposition aux adultes, culte du défi, influence des effets de bandes…, rien de ce qui caractérise ce difficile passage du monde de l’enfance à celui des adultes ne nous est dissimulé dans cette longue et lente chronique. Nous retrouvons donc Zack et Archer, deux orphelins rejetés d’une institution et dont la présence au sein de la colonie continue non seulement de semer le trouble mais aussi contribue à révéler la vraie nature de ces adultes « protecteurs ».

Version luxe augmentée de riches cahiers graphiques, chacun des albums est disponible sous des formats inédits.

Aux ambiances sombres et lugubre des Chroniques des Immortels, Thomas von Kummant a subtilisé des ambiances solaires parfois aux limites de la saturation, couleurs vives et chaudes qui se révèlent aussi efficaces pour restituer un monde où la vie semble aussi précaire et traduire l’intensité d’émotions aussi tragiques et intenses que dans leur précédente série.

Un contraste visuel entre le contexte violent et désenchanté et l’approche hyperréaliste de l’univers dans lequel évoluent les héros d’une histoire tragique et apparemment sans issue. Un cadre presque idyllique qui se révèle au final aussi oppressant que les landes dévastées d’Europe centrale dépeintes dans les Chroniques.

C’est avec La Chroniques des Immortels parue chez le même éditeur, que les deux auteurs se sont faits connaître.

Au delà d’un graphisme terriblement efficace et d’une mise en couleurs époustouflante, cette histoire n’a rien du récit post-apocalyptique classique. Si la survie de ce groupe de survivants est en jeu, il apparaît de plus en plus évident que les risques d’implosion de la communauté menacent bien davantage la survie du groupe que la présence des singes monstrueux qui rôdent autour du village.

L’intérêt de la série (et son succès !) s’explique sans doute par ce choix narratif particulier : montrer comment dans une situation exceptionnelle, les conflits de pouvoirs, les sentiments d’injustice prennent progressivement la place de la solidarité ou l’entraide au risque de menacer la survie du groupe.

Si ce thème a déjà été traité dans des contextes comparables, l’intérêt du travail des deux auteurs allemands réside dans le choix d’une approche psychologique des relations ados-adultes originale, totalement crédible et sacrément efficace. Alors que le point de départ repose sur un postulat fantastique assez traditionnel, le récit révèle de réelles capacités à décrypter les conflits de génération, à explorer les relations humaines.

« Gung Ho est un cri poussé pour se donner du courage, pour montrer que l’on a peur de rien. Son origine viendrait des soldats américains qui l’utilisaient lors de la Seconde Guerre mondiale. Par extension, ce cri désigne une tête brûlée, une personne téméraire ». Cette précision apportée par l’éditeur, justifie non seulement le titre retenu pour cette série prévue en cinq tomes mais illustre l’état d’esprit d’une des série les plus denses et les plus fortes du moment !

(par Patrice Gentilhomme)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782888907558

© Illustrations Von Kummant et Von Eckartsberg– Editions Paquet 2017

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