Mais après qu’on lui ait diagnostiqué un cancer en phase terminale, le Patron, épaulé par ses plus fidèles « collaborateurs », une fine équipe composée de la Binocle, la Tantouze, le Gogol, et le Puceau, va chercher à conjurer le sort en effectuant de bonnes actions. Entre épandage de virus mortel, meurtre de masse et création de machines à tuer autant vous dire que la noble entreprise de la Heartful Company risque de rencontrer quelques soucis.
On se bidonne à la lecture de cette satire sociale caustique, à l’humour scatologique. Le talent du duo d’auteurs, Pierre Taki au scénario et le mystérieux Man Gataro au dessin réside dans la critique portée, celle d’une société nippone positionnant le travail et les valeurs qu’il véhicule sur un piédestal au détriment des plus vulnérables : vieillards dépendants et enfants en bas-âge. En poussant l’analyse, on peut également percevoir, dans la volonté de réalisation des bonnes actions du Patron, une critique acerbe de l’absurdité des systèmes de compensation, notamment écologique, si cher aux libéraux du monde entier depuis les années 1980.
La portée du propos et son aspect drolatique sont enfin mis en exergue, voire dans certains cas véhiculés, par un découpage rythmique savamment orchestré et un dessin « sale » pour partie inspiré du comix américain. Initialement publié en 2000 au Japon dans le magazine Comic Bound, redécouvrez l’ignoble ambiance des réunions de crise de la Heartful Company à l’occasion de sa réimpression par les éditions IMHO !
(par Thomas FIGUERES)
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Heartful Company - Par Pierre Taki et Man Gataro - éditions IMHO - Sortie le 14 novembre 2013, réédité en 2020 - Prix : 14 euros