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La Cité de Dieu - Jens Harder - editions de l’an 2

Par David TAUGIS le 31 mai 2006                      Lien  
Un reportage dessiné portant sur Jérusalem, à la manière des albums de l'Association (Egypte, Inde, Mexique...). Jens Harder, auteur allemand qui a signé deux volumes de "Leviathan" entre 2003 et 2005 s'est immergé dans la ville sainte, s'intéressant au quotidien, aux atmosphères. Sur un ton apaisé, consensuel et avec une précision remarquable.

Jens Harder a pu se rendre à Jérusalem à la faveur d’un projet de reportages croisés réunissant dessinateurs allemands et israéliens. Trois artistes se rendaient dans le pays des trois autres et inversement.
Harder a choisi d’organiser son album en présentant dans les pages de gauche des dessins baignant dans le sépia et à droite des saynètes du quotidien de Jérusalem en bichromie. Pour rendre plus vivants ces instantanés, il n’hésite pas à retranscrire aussi les sons : bribes de dialogues, exclamations, bruits de rue...
Harder s’est surtout intéressé aux communautés juives et chrétiennes, et s’est attaché à peindre ces petits mondes très vivants avec force détails. Il croque également les touristes, en particulier les pélerins. Le dessinateur ne prend pas parti, reste à distance, portant même un regard naïf sur les coutumes des uns et des autres. C’est ce qui fait dire à Eliette Abécassis, auteure de la préface, qu’il s’agit d’une vision fine et subtile, non partisane, d’une ville trop regardée, trop aimée...
Jens Harder s’est à ce point immergé dans son sujet qu’il propose en ouverture une petite histoire illustrée de la ville sainte. Il prend également soin de calligraphier minutieusement certains textes en hébreu.
Son dessin d’une précision rare permet de saisir de nombreux détails frappants, dans les attitudes des passants, les décors, et au détour de scènes prises sur le vif, tel ce Juif en prière devant le mur des lamentations, portable à la main. Son ouvrage donne envie d’en savoir plus, de découvir ces quartiers si différents.

Pour autant, la cité de dieu n’est pas exempt de tout reproche : pas grand chose sur la vieille ville arabe, et une vision lapidaire des orthodoxes. Les Loubavitchs, mouvement hassidique fort nombreux à Jérusalem, est décrit comme une secte, et qui plus est "ultra-hassidique", ce qui ne veut rien dire... On pardonnera d’autant plus à Harder ce genre de sortie de route que c’est justement sa méconnaissance du monde juif qui lui donne ce regard si neuf sur la ville.
La Cité de Dieu - Jens Harder - editions de l'an 2

(par David TAUGIS)

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