Les Gomez, ils ne valent guère mieux que les Bidochon. Un peu bourgeois, un peu aigris, un peu gras même, sauf les enfants, plutôt gâtés et égoïstes, mais assez jeunes pour résister aux tentations caloriques. Monsieur piaffe d’excitation pour choisir sa cravate avant d’aller chez le notaire. C’est qu’elle était riche, cette tante qu’il ne voyait plus depuis des années... Quand sa cousine lui laisse choisir le lot sur les deux proposés, el seňor Gomez tombe dans le piège et opte pour cette soi-disant superbe maison de campagne. À l’arrivée, une vieille bicoque délabrée, sur un terrain riquiqui.
Quand Prado s’en prend à la médiocrité des classes moyennes, il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Ces Gomez paraissent un peu trop bêtes et naïfs face à des caciques locaux et autres artisans malhonnêtes un peu trop rapaces. Mais l’extrême clarté de son trait, ses larges cases parfaitement agencées maintiennent un rythme constant.
La malheureuse famille piégée tombe de Charybde en Scylla et le lecteur de sourire narquoisement, jusqu’à un final forcément grinçant au possible.
On peut préférer l’inspiration intimiste de (Traits de Craie) ou fantastique (Demain les dauphins) du même artiste, mais ne boudons pas notre plaisir. La demeure des Gomez n’a aucune chance d’inspirer l’ennui.
(par David TAUGIS)
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