Le 24 juin 1989, le jus d’orange de l’école primaire du village d’Oto (1200 habitants) est empoisonné au cyanure de potassium. 16 enfants et 5 professeurs sont tués. Le policier du village, Bungo Sano, est accusé, jugé et condamné à mort. Il est père de deux enfants et son épouse est enceinte d’un petit garçon, qui ne le connaîtra jamais.
Vingt-huit ans plus tard, Shin vit dans l’ombre de ce passé douloureux. Lui-même s’apprête à être père, mais il redoute cette échéance, ne voulant surtout pas ressembler à son géniteur assassin.
Il décide de retourner sur les lieux du drame, peut-être pour exorciser le passé. Arrivé sur place, un brouillard très épais se lève. Shin émerge alors devant l’école primaire du village, qui a pourtant été rasée après le drame. Il a été transporté six mois avant la date fatidique. Par hasard, il rencontre son père, qui ne lui inspire que de la méfiance et du dégoût. Sachant ce qui va se passer par la suite, Shin va tenter de déjouer l’empoisonnement.
Ce premier tome présente la trame de l’intrigue. Le mystère qui entoure ce père méconnu est encore très opaque. Le scénario de Toshiya Igashimoto mêle avantageusement deux genres : celui du thriller et celui du voyage dans le temps.
Même s’il n’a pas encore fait grand-chose, Shin change le passé. On peut imaginer que les conséquences sur son présent seront plus profondes dans les prochains tomes, et que les quiproquos – qui sont déjà nombreux – ne vont que s’amplifier. Si le père de Shin est innocent, celui-ci n’est pas à l’abri d’être accusé à son tour et de prendre sa place devant la justice… Une belle boucle temporelle. Mais la ficelle est un peu grosse. Espérons que le scénariste nous réserve d’autres surprises plus audacieuses.
L’album traite également de la question de la filiation, et celle de Shin est vécue douloureusement. Un fils doit-il ressembler à son père, et doit-il endosser la responsabilité des erreurs qu’il a commises ?
Un premier tome très réussi, qui n’a comme défaut que son titre. Bien qu’explicité dès l’avant-propos, il reste très obscur. Au moins suscite-t-il la curiosité. Le rythme des parutions laisse espérer un suspens qui ne retombera pas. Vivement la suite !
(par Jérôme BLACHON)
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