Suite et fin des aventures de Poe, alias Plume, enfant trouvé du labyrinthe. Un parmi tant d’autres, sauf qu’il a la particularité d’être couvert de plumes noires et d’avoir les yeux très sensibles à la lumière (ce qui explique ses grosses lunettes rondes et jaunes qui lui donnent l’air d’un hibou). Dans le premier tome, il rencontre Bianca, nom bien choisi pour celle qui vient du centre de la ville ("la Cité"), préservé de la noirceur du labyrinthe par un immense mur et des gardes à la matraque facile ("les tours"). Il s’agit bien entendu d’une allégorie de l’Angleterre victorienne et de ses inégalités sociales.
Plume noire, fille habillé de blanc. Va-t-on assister à un remake d’un roman pour ado où l’amour et la volonté vont transgresser les codes et renverser l’ordre établi pour aboutir à une plus grande justice sociale ? C’est sans doute un peu trop convenu pour le scénariste et dessinateur Jorge Corona, en tous cas pour cette trilogie. Et c’est très bien ainsi.
Bianca révèle à Poe que la Cité est sous la protection d’une entité emplumée, comme lui, mais blanche, "la Guide". Bien entendu, Poe n’a plus alors dans l’idée que de la rencontrer. Mais pour cela, il faut entrer dans la Cité, échapper aux gardes et déjouer les manigances de "Z", cheffe des enfants perdus du labyrinthe (les "souris") qui accuse Poe d’être à l’origine des multiples et mystérieuses disparitions de membres de sa bande.
La trilogie est de très bonne facture. Le scénario est prenant, laisse le lecteur faire des hypothèses avant de partir dans une autre direction. Nous ne sommes pas ici dans un blockbuster américain où deux enfants peuvent changer une société manichéenne. Mais leurs actes ne sont pas sans conséquences non plus.
À la fin, lorsque les masques sont tombés, certains yeux se sont ouverts, un souffle nouveau est né. Peut-être retombera-t-il aussi vite qu’il est né, peut-être pas. En tous cas, et c’est à la fois une force et une frustration, toutes les questions n’ont pas de réponse, loin s’en faut. Ce qui laisse supposer une suite... que nous attendons déjà avec impatience.
Jorge Corona est un artiste vénézuélien. Il travaille aux États-Unis et dessine pour DC Comics et Image Comics. Sa mise en page reste très classique et pourrait être plus dynamique mais les cadrages sont percutants. Et surtout, son dessin est très expressif. Le lecteur s’immerge facilement dans son univers sombre en permanence (peu de scènes se passent dans la Cité immaculée). La mise en couleur de Jen Hickman prend toute son importance pour restituer l’atmosphère particulière de cet album. L’incursion de Jorge Corona dans le milieu de la BD jeunesse est une réussite.
(par Jérôme BLACHON)
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