Une destination pas vraiment touristique donc, vous direz-vous, et l’on vous comprend, des fois que des envies prennent soudainement un citoyen de Buckaroo de devenir le dix-septième tueur du cru, sait-on jamais. Pourtant certains croient au potentiel d’attraction de cette singularité, comme Raileigh Woods, qui tient commerce sur le thème et souhaite même ouvrir un musée dédié.
Mais ce n’est pas pour ça que Nicholas Finch s’est déplacé sur place. Pas même parce qu’Edward Warren, le dernier tueur à avoir sévi, le fameux "Nailbiter" dévorant les doigts de ses victimes, habite encore les lieux, étrangement jugé non coupable à l’issu de son procès.
Non, si Finch est venu à Buckaroo, c’est à la demande de son ami Eliot Carroll, obsédé par le mystère de cette ville, et qui venait de lui annoncer qu’il avait percé le mystère local, lui demandant son aide pour boucler l’enquête. Sauf que Carroll, bien évidemment, a entretemps disparu.
Un thriller, c’est ce à quoi nous invite Nailbiter, et même une sorte de "méga-thriller", meurtriers, mystères et victimes semblant se multiplier à mesure que l’on progresse dans le récit et dans l’exploration de ville. Cela passe par les figures connues de l’enquêteur à la dérive, de la locale de l’étape réglo, rationnelle, mais dépassée ou encore du tueur tentateur dont l’arrogance suscite autant fascination que répulsion.
Cela passe aussi par une série de crimes macabres plus épouvantables les uns que les autres, et dont certains nous sont donnés à voir à la première personne, par les propres yeux de l’assassin ! Des secrets, des lieux d’épouvante, des personnages déglingués et une sacrée dose d’hémoglobine, on est donc servi !
Il y a d’ailleurs dans ces débordements gores quelque chose qui relève davantage du slasher que du thriller, et tire rapidement le titre de l’un à l’autre. Mais force est de constater qu’au-delà d’une forme de jubilation sanglante, cela coince au niveau de l’action. Qu’il s’agisse des scènes d’action elles-mêmes, plutôt confuses et aux résolutions un peu bricolées, ou qu’il s’agisse de l’intrigue d’ensemble, dont la progression se fait de manière très linéaire, sans construction d’un réel suspense, ce qui est bien dommage.
Reste cette idée amusante d’imaginer une ville "spécialisée" dans les tueurs en série, d’en faire le cœur du mystère. Et, pour l’animer, d’introduire ce personnage du "Nailbiter", pour l’heure encore à l’arrière-plan, mais dont l’inquiétante présence contribue déjà en grande partie à la tension et à l’intérêt du titre.
(par Aurélien Pigeat)
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