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Red Eyes Sword \ Akame ga Kill T2. Par Takahiro & Tetsuya Tashiro (Trad. Frédéric Malet) - Kurokawa

Par Guillaume Boutet le 27 novembre 2014                      Lien  
Tatsumi qui a rejoint la troupe de tueurs du Night Raid poursuit sa formation d'assassin, dans le but de débarrasser la capitale de sa corruption et de ses dérives macabres. Au programme de ce second acte : un tueur en série, coupeur de têtes, et une justicière aux méthodes radicales, pour un résultat toujours aussi convaincant et efficace !

Sur la voie qui doit faire de lui un parfait assassin, Tatsumi continue doucement mais sûrement son apprentissage auprès des membres (féminins) du Night Raid, qui le prennent en charge à tour de rôle. Cependant au lieu de lui enseigner les ficelles de leur sombre profession, ces dernières lui font faire tout autre chose : de la corvée des tâches ménagères à la participation à des virées douteuses en ville !

Notre jeune héros se retrouve ainsi le plus souvent à jouer les larbins, même si quelques leçons essentielles se cachent au détour. L’humour et une certaine légèreté sont les maîtres mots de ces séances, qui permettent de faire plus ample connaissance, de façon ludique, avec les membres du Night Raid.

Ces séquences bon enfant, à la comédie facile mais efficace, s’entremêlent aux missions de notre troupe d’assassins, qui entraînent une nouvelle fois le lecteur dans des affaires sordides, où la seule sentence acceptable semble être la mise à mort des coupables. Le récit d’Akame ga Kill ! souffle en permanence le chaud et le froid, et ce second tome scelle en quelque sorte cette façon de procéder, avec deux nouveaux contrats, à l’ambiance et à l’issue différentes, mais tout aussi sanglantes.

Red Eyes Sword \ Akame ga Kill T2. Par Takahiro & Tetsuya Tashiro (Trad. Frédéric Malet) - Kurokawa
Akame dans ses œuvres : assassin et épéiste hors pair
© 2010 Takahiro, Tetsuya Tashiro / SQUARE ENIX / Kurokawa

Le premier « job » se présente sous une forme relativement classique, avec un récit centré sur son héros, Tatsumi, qui avec l’aide d’Akame affronte un tueur en série, coupeur de têtes. Les enjeux sont simples, avec un antagoniste clairement malfaisant et perdu dans ses délires névrotiques, qui ne peut être arrêté que par son trépas.

Ce récit permet essentiellement d’affiner la relation entre Tatsumi et Akame, ainsi que de mettre en scène le premier adversaire utilisant l’une des fameuses Armes Impériales, source des pouvoirs et des capacités spéciales dans la série. L’occasion pour le lecteur de découvrir quelle forme revêt les affrontements, des passages forcément attendus et importants dans ce type de récit. Et là-dessus Akame ga Kill ! s’en sort relativement bien, avec un système simple mais ouvert et varié, conférant aux personnages des caractérisations efficaces.

Tout en proposant également un combat basé sur ces fameuses Armes Impériales, la seconde mission se révèle néanmoins d’un tout autre genre au niveau des enjeux, s’inscrivant cette fois-ci dans une ambiance « opposée », que nous pouvons qualifier de dark-nekketsu [1].

Dans ce second récit Takahiro entreprend de pervertir les grands traits classiques des héros de shônen [2]. Pour cela il met en scène un adversaire étrange, sorte de justicière au « sang bouillant », prête à tout pour éradiquer le mal et assénant une justice absolue, sans compromis, habitée par une vision manichéenne du monde, confinant à l’absurde. Un adversaire dérangeant, pendant négatif du héros de shônen classique et qui donne lieu à un remarquable moment d’intensité et d’émotion.

Un corps et une âme dédiés à la justice, et même plus !
© 2010 Takahiro, Tetsuya Tashiro / SQUARE ENIX / Kurokawa

Si l’écriture savamment dosée de Takahiro apparaît comme un élément évident de la qualité de ce tome, n’oublions pas le dessin de Tetsuya Tashiro, qui donne corps à ces récits haletants et y démontre tout son talent pour saisir une ambiance. Les scènes d’action impressionnent par leur cadrage dynamique, leur niveau de détails et leur parfaite lisibilité. Auxquels il faut ajouter ces visages aux expressions saisissantes, littéralement déformés par ce fameux « sang bouillant » perverti : un régal !

Signalons également les bonus que le lecteur retrouve aussi bien à la fin du tome que sur la couverture intérieure, démontrant l’envie de Takahiro et Tetsuya Tashiro d’utiliser toute la place disponible pour en donner toujours davantage à leurs lecteurs. Le principe de ces bonus est simple : Tatsumi visite une série du Gangan Joker, magazine dans lequel est prépublié Akame ga Kill !, pour y rencontrer ses personnages principaux, donnant lieu à un crossover de quelques pages. Cette fois-ci, c’est Dusk maiden of Amnesia que Tatsumi visite, dans l’espoir de rencontrer la mystérieuse Yûko.

Avec ce second tome, Akame ga Kill ! achève de poser les bases de son univers hybride, mi-shônen mi-seinen [3], et impose un style qui se veut sans concession, dans lequel les passages légers et tendres, contrastent avec les situations impitoyables et tragiques. On rit et on pleure ; on vibre et on a peur ; et on partage la fascination de Tatsumi pour Night Raid mais également sa frustration ne peut pas être assez fort pour les suivre.

Un grand écart que les auteurs réussissent grâce à une justesse de ton et une vraie tendresse pour leurs personnages, sympathiques et rendus vivants grâce à des caractérisations et des situations simples qui font mouche.

Teasing de l’étonnante Esdeath : en expédition dans le nord pour réprimer une rébellion, elle se désespère de trouver un adversaire à sa mesure.
© 2010 Takahiro, Tetsuya Tashiro / SQUARE ENIX / Kurokawa

(par Guillaume Boutet)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Red Eyes Sword \ Akame ga Kill T2. Par Takahiro (scénario) & Tetsuya Tashiro (dessin). Traduction Frédéric Malet. Kurokawa, collection "Seinen". Sortie le 13 novembre 2014. 224 pages. 7,65 euros.

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[1Nekketsu : signifie « sang bouillant », ce vocable désigne un type de récit au traitement exacerbé et exagéré dans ses situations et dans la manifestation des émotions.
Le dark-nekketsu peut être vu comme une version déformée, où la « passion exacerbée » du personnage l’amènerait à commettre des actes criminels ou à la moralité douteuse.

[2Shônen : désigne un type de manga ayant pour cible éditoriale les garçons adolescents.

[3Seinen : désigne un type de manga ayant pour cible éditoriale les hommes adultes.

 
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