Dans le cadre d’une mission militaire, Thomas Raucat, jeune officier suisse se rend au Japon et, lors de l’Exposition Universelle de 1922, y fait la rencontre d’une jeune japonaise qu’il entend bien séduire. Seulement, il est perdu dans un pays aux mœurs qu’il ne comprend pas ; résultat, les choses vont s’avérer moins simples.
Jean-David Morvan, célèbre scénariste, récemment récompensé pour Madeleine, résistante, et Roberto Melis, dessinateur italien, adaptent ici un roman des années 20 de... Thomas Raucat lui-même. Il s’y met lui-même en scène, sous ce pseudonyme au nom très évocateur, puisqu’en japonais « tomarou ka » signifie une « invitation à aller partager une chambre pour le plaisir ». [1]
Il vaut mieux avoir ce cadre historique en tête pour apprécier et le roman, qu’on n’écrirait sans doute plus ainsi de nos jours (Occidentaux et Japonais se connaissant mieux), et cette BD qui en est l’adaptation.
C’est donc l’histoire d’une rencontre entre deux mondes qui se découvrent et qui ont bien du mal à se comprendre, voire ne se comprennent pas du tout et s’en rendent compte, d’où les quiproquos réciproques.
On prend plaisir à suivre ces tribulations ; d’autant que R. Melis délivre une prestation graphique réussie, au lavis bleu (avec quelques touches de rouge), alternant des planches au découpage varié avec de très belles pleines-pages, en forme d’hommage aux estampes japonaises.
Alors, n’hésitez pas à pénétrer ce monde à part d’un Japon des années 20 alors en pleine modernisation et ouverture ; Japon, qui n’a peut-être pas perdu de nos jours toute sa singularité (et son pouvoir de fascination). J-D Morvan, qui le connaît bien, en conviendrait aisément.
(par Philippe LEBAS)
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[1] Selon les mots de P.-A. Szigeti qui signe la postface.