Frédéric Jannin et Thierry Culliford (co-créateur de la série) font référence à un groupe de musique dès les premières planches. Rapidement, les auteurs décidèrent de donner une existence réelle à ce groupe. Ils sont rejoints le fils d’Yvan Delporte, Bert Bertrand, un journaliste qui écrit pour différents journaux musicaux. Un quatrième larron complète l’équipe, faisant office de figurant lors de concerts ou de passages télévisés. Nul ne pouvait deviner que les Bowling Balls marqueraient les adolescents de leur génération.
Le 1er avril 1979, God Save The Night Fever, leur premier single est dans les bacs des disquaires. Visco Video, leur deuxième single, lui succède en avril 1980 avec un certain succès concrétisé par plusieurs passages à la télévision belge (en play-back). Ce morceau est caractéristique du style musical des Bowling Balls : une voix entraînante sur une musique essentiellement composée de synthétiseur, de basse et de batterie.
En 1980, les Bowling Balls enregistrent The Boys au Studio Kathy à Ohain. Ce studio appartient à une éphémère gloire de la chanson francophone belge : Marc Aryan. Situé dans la Petite rue du Moulin, il a accueilli des stars aussi prestigieuses qu’Adamo, James Brown, Marvin Gaye (qui y a enregistré Midnight Love, son dernier album)ou Patrick Hernandez qui y enregistra le célèbre « Born To Be Alive » (Un succès du disco vendu à 17 millions d’exemplaires). L’acteur Anthony Quinn y entonna également son énorme succès « I Love You ». Même s’ils n’avaient que trois singles à leur actif, les Bowling Balls marchaient sur les traces des stars. Ils sortent l’année d’après You Don’t Know What It’s To be Alone In The House. Cette chanson s’impose rapidement et a même figuré dans les meilleures ventes de leur label. Malheureusement, le producteur ne croit pas au succès des Bowling Balls et préfère miser sur la sortie d’un quatrième single, plutôt que sur un album. « The Boys / The Girls » paraît en septembre 1981.
Le groupe connaît une fin tragique avec le suicide le 6 février 1983 à New York de Bert Bertrand, sa figure charismatique. Un LP paraîtra cette même année, au titre prédestiné : « First and last Bowling Balls album for the same price » (le premier et le dernier album des Bowlings Balls : deux pour le prix d’un). Frédéric Jannin continua à dessiner Germain et Nous et se lança quelques mois plus tard dans une autre formation musicale, Zinno. Thierry Culliford, quant à lui, s’intéressa de plus en plus aux Schtroumpfs, les petits lutins bleus créés par son père...
2003, la renaissance...
Véritable homme-orchestre aux multiples facettes, Frédéric Jannin n’a jamais réellement renoncé à la musique. Il caressait le doux rêve de republier une intégrale définitive de ces chansons de jeunesse. Sa rencontre avec Dan Lacksman fut déterminante. Ensemble, ils ont retravaillé plus de onze titres inédits. Le dessinateur possédait différentes maquettes et essais musicaux. Conjurant le sort du temps, Frédéric Jannin avait toujours veillé à transposer ses bandes sur des supports plus actuels. Les enregistrements étaient donc intacts. La voix de Bert est à nouveau mise en valeur, plus dynamique que jamais ! Marka, un chanteur compositeur belge, a chanté pour l’occasion une adaptation francophone de You Don’t Know, le « hit » des Bowling Balls.
Un livret accompagne bien évidement le CD. Il contient une présentation des Bowling Balls par Thierry Tinlot (actuel rédacteur en chef de Spirou et président du fan-club au moment de sa fondation) et un historique des dates-clés du groupe. Des dessins réalisés par Reiser, Goossens et Marc Moulin, excusez du peu, ajoutent à ce bonus.
Les trente-deux titres de For Ever And Never réjouiront les nostalgiques de la musique électronique des années 80 et permettront aux autres de découvrir une facette peu connue du travail de Frédéric Jannin.
(par Nicolas Anspach)
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PS : For Ever and Never est disponible chez tous les disquaires du Bénélux. (Diffusion : Bang)