Recrutée par une cellule occulte des services secrets US, la belle Najah Cruz est kidnappée par des néo-talibans et se retrouve au cœur des montagnes afghanes, là où le pavot règne en maître. Elle réussit à s’échapper grâce à Guddyn Bathiar, un chef de guerre afghan. Elle entreprend alors de délivrer Bertrand Cordiez (DG d’un puissant groupe militaro-industriel et businessman véreux) resté prisonnier des néo-talibans. Parallèlement la DGSE, par l’intermédiaire du capitaine Darcourt, décide, elle aussi, une opération commando pour libérer l’homme d’affaire. Les services secrets français ignorent la véritable mission de Najah : s’infiltrer au sein du grand conseil des mafias pour en faire tomber le patron...
Le scénariste Jean-Claude Bartoll, ancien grand reporter, a bourlingué aux quatre coins de la planète et pas forcément dans des endroits à touristes. C’est donc tout naturellement qu’il promène son héroïne de Grosny à Islamabad, en passant par Medellin et Cabinda... Il a fait d’Insiders un thriller mélangeant habilement aventure et politique-fiction. À l’instar d’un Jean Van Hamme, Bartoll utilise les recettes qui ont fait le succès de séries comme Largo Winch ou XIII. Féru de géopolitique, il s’appuie sur l’actualité, l’histoire et sur sa propre expérience personnelle pour bâtir une intrigue complexe et remarquablement documentée.
Insiders est une série "à suite", il est donc recommandé d’avoir lu les trois premiers opus avant d’entamer Le Piège afghan. Dans ce quatrième épisode, nous retrouvons Najah à la frontière afghano-pakistanaise. La trame du scénario fait alterner la progression de la mission de la jeune femme (faire "tomber" Sam Natchez) et son immersion dans les problèmes du pays (rivalité entre tribus pachtouns, intérêt financier pour les paysans à cultiver le pavot plutôt que le blé, etc.). Le résultat est assez efficace. Dommage que quelques "aberrations" viennent entacher la crédibilité du récit : par deux fois, Najah échappe vraiment très, très facilement à ses geôliers néo-talibans...
Cet album, au rythme très soutenu, est illustré par Renaud Garetta, déjà connu pour sa série Fox one (avec Olivier Vidal). Son coup de crayon pour les dessins d’avions et d’hélicoptères et son aisance graphique pour les scènes d’action font une fois de plus merveille. Cependant, son découpage redevient beaucoup plus classique dès qu’il s’agit de scènes "dialoguées" dans des bureaux.
Le Piège afghan maintient donc le suspens d’une intrigue, qui espérons-le, connaîtra un dénouement prochainement (pour ne pas tomber dans les travers de XIII...). En effet, faire durer les pérégrinations de Najah et la promener sur tous les points chauds du globe au risque de lui faire vivre des situations de plus en plus rocambolesques est sans doute le plus grand danger que notre belle héroïne devra affronter.
(par Laurent Boileau)
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