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Guy Delcourt : "J’ai atteint le point de non-retour de l’indépendance. "

Par Laurent Boileau le 15 septembre 2006                      Lien  
Que de chemin parcouru depuis les trois albums publiés en 1986 ! Pour les 20 ans de sa maison d'édition, Guy Delcourt a le sourire. Et ce n'est pas l'activité de cette année qui risque de le lui ôter.
Guy Delcourt : "J'ai atteint le point de non-retour de l'indépendance. "
Galères balnéaires de Cailleteau et Vatine

Quel est votre meilleur souvenir de ces 20 dernières années ?

Peut-être le premier livre que j’ai édité : Galères balnéaires de Cailleteau et Vatine. Cela reste un moment magique.

Et votre pire souvenir ?

La mort d’un auteur, Eric Larnoy (La sphère du Nécromant)

Vous annoncez une croissance du CA de 33% pour 2006. Comment expliquez-vous une telle croissance ?

Le fait d’avoir un catalogue diversifié sur la BD franco-belge, le manga, la Bd américaine, la jeunesse nous permet d’être porté par les élans de ces différents marchés. Star Wars, par exemple, a été véritable phénomène en 2005. Le fond progresse comme la nouveauté malgré le travail supplémentaire qu’il demande, du fait de "l’encombrement" en librairie.

Quels avantages tirez-vous de la création de Delsol ?

Delsol nous donne une vision très claire du marché donc une meilleure réactivité. La complicité avec les représentants fait que nous nous sentons constamment défendus dans chaque point de vente. Cette proximité est irremplaçable.

Guy Delcourt, vingt ans d’édition
Photo : D. Pasamonik

Quels sont les axes de développement que vous envisagez à l’avenir ?

Aujourd’hui, nous sommes présents sur l’ensemble des segments du marché. Nous allons donc continuer à travailler de la façon la plus exigeante, la plus déterminée, aussi bien sur les nouvelles séries que les titres arrivés à maturité. Et puis, nous continuons à lancer de nouvelles collections comme, par exemple, celle dirigée par Jean-David Morvan sur les adaptations littéraires.

Envisagez-vous une croissance externe ?

Après le rachat de Tonkam, nous avons besoin de "digérer". De toute façon, je n’affiche pas de volonté de croissance externe car nous sommes dans un secteur sensible différent de l’industrie. Notre solide structure financière le permettrait, mais il est impossible de le décréter.

Pourquoi ne pas regrouper tous vos titres manga chez Tonkam ?

St

Ce serait réducteur de les regrouper. Il y a une personnalité propre dans chaque démarche. Il vaut mieux deux fois 10 titres qu’une fois 20 titres car nous subirions obligatoirement un effet d’amalgame.

Comment voyez-vous l’évolution du manga dans vos activités ? Est-il stratégique pour vous ?

Le manga fait environ 16% de notre chiffre d’affaire avec une croissance de l’ordre de 45%. C’est donc une locomotive de la croissance du marché de la bande dessinée. C’est un secteur incontournable. J’apprécie d’avoir trouvé en Dominique Véret et Sylvie Chang des personnes qui ont une vraie vision éditoriale pour ce secteur. Ils ne sont pas là pour seulement profiter des opportunités économiques de ce domaine. Prendre les droits d’œuvres publiées ailleurs, c’est aussi un vrai travail éditorial dans lequel la remise en question est très fréquente du fait de la concurrence. Il faut donc avoir une action pertinente sur le plan commercial et sur le plan éditorial. C’est vraiment complexe.

Lors de la soirée des 20 ans
A la gauche de Guy Delcourt (à la droite sur la photo), Yves-Marie Labé journaliste spécialisé BD du quotidien Le Monde, grand ami de Lewis Trondheim. Photo : D. Pasamonik.

Comment imaginez-vous votre maison d’édition dans 20 ans ? indépendante ? vendue à un autre éditeur ?

J’ai atteint le point de non-retour de l’indépendance. Pour moi, cela reste donc un point d’ancrage décisif. Le développement de la structure ne nécessite pas d’argent frais, il n’y a donc aucune raison de vendre des participations. Le chemin que je suis est celui de l’indépendance et les auteurs l’apprécient. L’autonomie, l’esprit, le côté artisanal qui fait que le dirigeant est au courant d’un peu de tout, qu’il reste accessible, tout cela fait l’identité d’une maison. Et dans un secteur artistique, il est souvent délicat de toucher à l’identité...

Propos recueillis par Laurent Boileau.

(par Laurent Boileau)

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