Les éditions Delcourt ont lancé ces dernières semaines un manga au goût très original : Yakitate Ja-Pan !! Un pain c’est tout ! de Takashi Hashiguchi. Une idée vraiment hors norme ! Les éditions Delcourt n’ont pas été chercher loin les slogans : « Le Manga qui se dévore ! » ou encore : « Le Shônen [1] qui a le goût des bons pains ». Et de fait, Yakitate Ja-Pan nous conte comment, à l’âge de six ans, Kazuma Azuma a découvert le goût du pain français et a entrepris, après dix années d’apprentissage, de convertir ses compatriotes en amateurs du pain au petit déjeuner en lieu et place du bol de riz traditionnel. Évidemment, cela ne se fait pas sans mal, mais son enthousiasme est communicatif et son entreprise sera couronnée de succès car il a l’idée de créer un pain national japonais : le Ja-Pan.
Un rapprochement pacifique
La publication de ce manga très bien dessiné par Takashi Hashiguchi (quinze volumes sont prévus) est une riche idée, car rien n’est plus affectif que le pain. C’est aussi l’un des fers de lance de notre culture au pays du Soleil Levant. L’éditeur de ce manga chez Delcourt, Dominique Véret, a compris toute la portée symbolique de cette entreprise : « C’est un travail d’équipe. Dans chaque volume, Christian va nous faire un petit texte (publié dans les bonus) qui sera sa relation avec les lecteurs et aussi pour lui l’occasion de raconter sa vie et les sensations du métier de boulanger, avec tout ce que ce métier lui a permis de découvrir. Christian a inventé le concept de coupe du monde de la boulangerie. Il a collaboré au lancement de la boulangerie dans différents pays : au japon, en Chine, au Vietnam, récemment au Chili. Il collabore au rayonnement de notre culture dans plein de pays. Ce qui m’a motivé dans la publication de Yakitate Ja-Pan, c’est que le pays qui me semble le plus intéressant et le plus riche éditorialement dans la publication des mangas, c’est la France. C’est-à-dire qu’à travers le manga, on est en train de construire une relation culturelle hyper-privilégiée avec le Japon par rapport à d’autres pays comme l’Italie, l’Allemagne ou les États-Unis, car c’est chez nous que la diversité éditoriale est la plus riche. Il y a toujours le risque de considérer cela comme un envahissement culturel de la France par les Japonais. Pour calmer ce genre de velléité, on a voulu montrer que cette série qui rapproche la civilisation des mangas de la civilisation du pain, cela avait un côté sympatoche, plutôt pacifique ».
Cette initiative a séduit la Confédération nationale de la Boulangerie Pâtisserie française qui voit là une occasion de communiquer en direction des jeunes et en particulier ceux qui, parmi les lecteurs de mangas, pourraient être attirés par les métiers du pain. Ainsi, une page du volume est consacrée à la promotion des filières d’apprentissage de ce métier.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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[1] Ce terme désigne les mangas destinés aux jeunes garçons.