C’EST POSSIBLE. C’est même le sujet d’un ouvrage du chercheur Benoît Glaude chez l’éditeur Les Impressions nouvelles. Ça surprend de premier abord mais quand on y réfléchit, c’est une évidence qui ne s’arrête pas à la lecture d’une bande dessinée de parents à leurs enfants.
Les premières BD européennes d’avant les « phylactères » comportaient généralement des textes qui se lisaient sous l’image. Celles-ci pouvaient donc narrées par les parents. Mais avec les bulles, le statut de la narration change : elle devient « icono-textuelle » (on pense aux jurons dessinés de Franquin dans Gaston Lagaffe), le dessin devient « une voix qui raconte ».
Depuis plusieurs décennies, on connaît ces fictions sonores qui continuent à remporter pas mal de succès d’audience, surtout depuis que les podcasts se sont démocratisés. On connaît l’anecdote de l’enfant qui ne reconnaît pas la voix du personnage qu’il a lu enfant lorsqu’il est représenté à l’écran. Il faut un certain talent pour trouver « la voix » du personnage selon le support : audio, théâtrale, vidéo, vidéoludique qui l’exploite.
Des « films fixes » des patronages aux adaptations sonores d’aujourd’hui, il y a une multitude d’expériences qui attendent nos lecteurs d’abord jeunes, puis moins jeunes. Benoît Glaude examine tous ces procédés avec des exemples qui vont du « Spirou-Guignol » de l’Occupation au « Histoires et joie » de Cœurs-Vaillants jusqu’aux feuilletons radiophoniques qui fleurissent dans les années 1960, aux livres-disques de la même époque, aux audiolivres et aux représentations de « bande dessinée à voix haute » contemporains que l’on peut découvrir dans cetains festivals.
Un univers que Glaude explore ici dans une approche historico-sémiologique. Peut-être qu’en lisant nos albums, nous nous mettrons, comme une sainte-pucelle, à « entendre des voix ».
DP
Ecouter la bande dessinée - Par Benoît Glaude - Ed. les Impressions nouvelles
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