Déjà leurs noms ne sont pas des plus simples. Elles s’appellent Beuve (la rousse), Foy (la brune) et Opportune (la blonde). Leurs destins vont croiser (et gâcher) ceux de Sulpicio (révolutionnaire chilien), Brieuc (Photographe), Gobain (avocat), puis, plus tard, quelques ex soixante-huitards et leurs diverses progénitures.
Cette improbable saga de 80 ans qui, si vous comptez correctement, se terminera en 2048, va donc accompagner ces trois belles dans leurs destinées agitées. Certaines seront plus courtes que les autres. Et certaines, bien plus déjantées aussi que celles des autres.
De décennie en décennie, on va donc les voir progressivement se marier (ou non), se reproduire (parfois dans le péché), baiser (avec ou sans leur mari), vieillir, enterrer l’un(e) ou l’autre, se séparer, se retrouver, mourir... dans une sorte de vaudeville d’une cinquantaine de pages extrêmement denses. L’art de dialoguiste de Martin Veyron fait merveille et chaque cas apporte son lot de dialogues savoureux, de répliques vaches, de réflexions subtiles et ironiques. Il n’hésite pas non plus, dans cette énorme saga de 80 années, à imaginer les rebondissements les plus saugrenus et les plus farfelus... tout en s’amusant des modes et des dérives des quelques décennies récentes, depuis la révolution de 1968.
(par Patrick Albray)
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Technicien rodé aux techniques de l’humour, Martin Veyron réussit à maintenir le rythme durant des quelques dizaines de pages, non sans échapper à une impression de longueur à la fin. Mais le créateur de Bernard Lermite est digne de sa réputation. Hormis ces quelques pages de trop, on apprécie la subtilité de son humour, sa formidable capacité à développer des personnalités fortes, et son sens unique du dialogue percutant.