Vous pensez sûrement en savoir beaucoup : la surpopulation carcérale, la radicalisation, les violences, les trafics... Toute la force de ce récit collant à la réalité tient dans le destin de Ben, notre prisonnier.
À 17 ans, il est suspect dans une affaire de viol collectif. Il nie toute participation, mais quid de sa complicité passive ? Dans son quartier pour mineurs, à Fleury-Mérogis, on lui permet de préparer ses épreuves anticipées du Bac. Il bénéficie d’un suivi éducatif, et son avocat a bon espoir de lui éviter un séjour long. Mais des éléments nouveaux dans l’enquête risquent de tout changer.
Journaliste spécialisée dans le domaine des mineurs incarcérés, Isabelle Dautresme a cousu une trame qui sonne juste, en particulier dans les échanges entre gardiens et détenus, et dans le désarroi émouvant de l’éducateur de la PJJ [1]. Le dessin de Bast, qui connaît aussi le milieu des prisons, ayant animé un atelier de BD à Gradignan, capte dans le bon tempo les attitudes, les regards, les colères, dans des décors implacables en bichromie terreuse.
Reste le fond du débat : oui, la prison créé des récidivistes, surtout chez les jeunes. Qu’ils soient isolés des majeurs ou dans des établissements réservés aux mineurs, la machine broie les détenus, et comme les gouvernements ne priorisent pas les centres éducatifs fermés, bien plus cadrants, le phénomène risque de prospérer. Durablement.
(par David TAUGIS)
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[1] protection judiciaire de la jeunesse
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