Au royaume d’Angor, Talinn et Evrane et le tout jeune Corky ont fui leur village tout autant que leur condition de futur paysan, rêvant à de plus palpitantes destinées. Par hasard, ils entrent en possession d’un mystérieux collier qui leur permet de vieillir en quelques secondes et ainsi d’échapper à leurs poursuivants.
Mais cette trêve ne sera que de courte durée, car leur objet magique est dérobé, laissant Corky jeune, tandis que ses deux compères sont encore adultes. Il leur faudra donc le récupérer, tout en apprenant plus sur l’étrange personnage qui leur apporte parfois son aide : Mansïouran, un Vallakan faisant partie de l’ordre des Guetteurs, chargé de recenser et protéger les objets magiques d’Angor et d’ailleurs.
Difficile de passer à côté de Jean-Charles Gaudin, un des piliers de Soleil : les bivalentes Arcanes de Midi-Minuit, la mystérieuse Marlysa, le splendide Feul, le pugnace Lans Sirling, l’adaptation de l’Assassin Royal et les autres Ombre du Cinéphage, Garous, Garfalek et Prince d’Arclan. Pourtant, il faut avouer que le premier tome d’Angor ne nous avait pas convaincu : très stigmatisé, faiblesse du contenu, classicisme de l’approche de l’enfance et des castes, bref pas très palpitant.
Tout en demeurant un récit classique d’Heroïc-Fantasy, ce second tome donne un sérieux coup de punch à ce premier opus peu attractif : passant d’un âge à l’autre, les garçons vont se rendre compte que ce n’est pas si facile d’être adulte, et qu’il faut parfois bien des années pour dompter les épreuves que la vie place sur votre chemin. On ne peut manquer de penser aux Arcanes de Midi-Minuit qui stigmatisent avec humour les oppositions homme-femme, Mais cette vision psychologique des différents âges alterne avantageusement les moments drôles et sérieux.
La série profite également d’un bestiaire qui s’étoffe sérieusement dans ce second tome : l’opposition des Guetteurs et des Sombres, les féroces Brakyas, et des animaux aussi utiles qu’intrigants. Une fois de plus, le récit se termine en point d’interrogation, annonçant de nouvelles péripéties. Un suspense bien utile, car rappelons-le, notre trio n’est motivé par aucune quête, si ce n’est celle d’en vivre.
Le dessin de Dimitri Armand colle parfaitement au récit. C’est enlevé, tonique, avec de belles recherches pour les non-humains, les décors et les costumes. Quand on regarde la représentation d’Evrane en adulte, on comprend d’ailleurs mieux pourquoi elle ne revient jamais en adolescente. Charme, humour et aventures, une recette éternelle, mais qui sont enfin bien dosés dans ce second tome.
(par Charles-Louis Detournay)
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