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West Fantasy : le western revu et amélioré par le maître français de l’Heroic Fantasy

Par Charles-Louis Detournay le 3 avril 2024                      Lien  
C'est certainement l'album le plus attendu depuis le lancement d'Oxymore (la maison d'édition de Mourad Boudjellal, l'ex-patron de Soleil) : la nouvelle saga signée Jean-Luc Istin déjà aux commandes du Monde d'Aquilon, plus de cent albums qui regroupent Elfes, Nains et autres best-sellers de.... Soleil ! Istin allait-il renouer avec le succès en mêlant Heroic Fantasy et Western ? Sur le papier, ce n'était pas gagné d'avance...

L’idée de mêler les deux genres n’est pas vraiment neuve et parfois un peu casse-gueule. On se souvient entre autres de Hell West chez Sandawe, ou encore plus récemment de The Frontier au Lombard. Jean-Luc Istin pousse ici les curseurs un peu plus loin, car il intègre directement les races non-humaines dans le cadre du western, comme si cela allait de soi ! Pas de combats contre les créatures, vu qu’elles sont elles-mêmes les personnages principaux du récit.

On retrouve donc orcs, elfes, nains et autres créatures dans un Ouest sauvage revisité (voir la carte des USA en pages de garde). Par exemple, les gobelins font office de croque-morts au sens propre comme au sens figuré, car n’étant pas rebutés par les cadavres, ils s’occupent de les enterrer tout en profitant d’en croquer un bout au passage. Faudrait quand même pas gâcher !

Ce premier tome débute d’ailleurs avec l’un de ces joyeux drilles. Ne cherchez pas de lien avec le réputé Undertaker, notre opportuniste croque-mort n’a rien d’un héros, il cherche juste à être dans le sillage d’un pistolero capable de lui fournir son cadavre quotidien (Dame, il faut bien manger). Et lorsque le duel du jour se conclut aux dépends de son poulain, notre gobelin de croque-mort change de cheval et suit le vainqueur. Restons pragmatiques !

West Fantasy : le western revu et amélioré par le maître français de l'Heroic Fantasy

Le vainqueur du jour est un chasseur de primes assez irascible, mais qui supporte la présence du gobelin et cette association pourrait perdurer... Ce serait sans compter sur le destin ! Fin saoul, un nain a tué la nièce de Jones, ce qui a mis toute sa famille en deuil. Jones est bien décidé à rendre justice à sa manière, c’est à dire simple et expéditive. Aussi se met-il en quête du nain en question, sans savoir que ce dernier a mis la main sur un étrange artefact au fond de sa mine. Il a mis en branle une entité capable de réveiller les morts. Et c’est maintenant une armée de morts-vivants qui se dirige vers nos trois personnages principaux... qu’on peut difficilement qualifier de héros !

Si les attentes étaient grandes concernant cette nouveauté, on peut dire que Jean-Luc Istin a parfaitement relevé le challenge. Il signe un récit crépusculaire ponctué heureusement de quelques touches d’humour, tout en composant un récit dense et bien construit. Celui-ci est d’ailleurs séquencé en dix chapitres, afin de bien présenter ses différents anti-héros. Une méthode qui rappelle certes les films de Tarantino dont il reprend la violence des scènes, mais aussi tout simplement les romans de western qui ont fait les beaux jours d’une littérature de gare des années 1950 et 1960.


Le récit est dense, au même titre que les autres récits qu’Istin signe en tant que scénariste ou éditeur. Le lecteur en aura donc pour son argent, avec une surprise en prime : un chapitre où la bande dessinée laisse carrément la place à une nouvelle, comprenez une description complète des événements sans l’ombre d’un dessin. Ce qui rappelle les Ogres-Dieux d’Hubert & Gatignol, sauf qu’il ne s’agit ici que d’une timide incursion et pas d’un style récurrent dans le récit. Il démontre quand même comment le scénariste-éditeur sait manier la plume pour transposer les émotions de ses personnages... diablement humains même lorsqu’il ne le sont pas.

Cette réussite doit également au dessin de Bertrand Benoit, co-créateur de la série. Dès la première page, chaque case est un plan ultra-soigné, qui mêle parfaitement le western et de la fantasy. Le dessinateur joue avec les références pour composer un univers iconique. Il n’est effectivement pas nécessaire de tomber dans le réalisme et l’authentique car la saga se définit d’entrée de jeu comme un univers fantastique. Et cela fonctionne parfaitement ! Même si les premières séquences semblent se dérouler dans un décor parfois artificiel, Bertrand Benoit joue sur les atmosphères pour entraîner le lecteur dans la tête de ses personnages.

Et il est parfaitement aidé par les couleurs de Nanjan : surfant sur les codes du western fantastique à la mode Comics, ce dernier renforce l’aspect crépusculaire et fantasy, notamment dans les colorations du ciel, des décors et des scènes d’action. On salue d’ailleurs la présence de son nom sur la couverture car il opère un vrai travail d’auteur au même titre que ses deux comparses. Chapeau bas !

Une double-page de ce premier tome

Dans la foulée de son dessinateur, les références d’Istin sont nombreuses (Sergio Leone, Stephen King, etc.), mais c’est surtout de son propre univers dont il se rapproche, une manière de dire aux lecteurs du Monde d’Aquilon qu’ils peuvent sauter sur West Fantasy sans hésiter (ne s’agit-il d’ailleurs pas de la même maquette de couverture ?!). Outre l’installation de ce concept (un western avec des créatures d’Heroïc Fantasy) et quelques intéressants personnages (surtout le nain), la trame de ce premier tome rappelle furieusement la déferlante de goules dans les premiers tomes d’Elfes, à savoir un ennemi multiple mais sans visage contre lequel nos « héros » doivent s’unir pour combattre jusqu’à la mort.

Et de mort, il est bien question, car le second aspect innovant de ce concept tient dans le trio de chaque album. En faisant référence au Bon, la brute et le truand, Istin donne le nom des trois protagonistes principaux comme titre de chaque tome. Sauf qu’inexorablement, deux des trois vont mourir dans l’album, tandis que le rescapé se retrouvera dans l’album qui suit ! Un concept diablement intéressant !
Ne regardez pas les couvertures qui suivent si vous voulez éviter d’être spoilés, mais après cette introduction réussie, il nous tarde de voir si des qualités similaires seront au rendez-vous pour la suite annoncée pour le 12 juin. Pour notre part, le rendez-vous est pris !



Les quatre prochains tomes de la série.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782385610418

West fantasy Tome 1 : Le Nain, le Chasseur de prime & le Croque-mort - Par Jean-luc Istin, Bertrand Benoît & Nanjan - Oxymore

Illustrations : © Oxymore 2024.

Oxymore ✍ Jean-Luc Istin ✏️ Bertrand Benoît 🎨 Nanjan à partir de 10 ans Western Heroic Fantasy
 
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