Nouvelle Terre, nouvelles règles, nouveaux problèmes ! Après l’exil de toute une planète, réalisé dans l’apocalyptique tome 14, Terra Secunda réserve son lot de surprises au nouvel empereur absolu, Wismerhill.
À commencer par la découverte d’une population autochtone : les Ophidiens, un peuple de reptiles guerriers qui n’entend pas se laisser envahir. L’exploration d’un monde hostile, la naissance d’un empire, de nouveaux combats en perspective, voilà tout ce qui couve dans la seconde partie de ce diptyque introductif à ce second cycle.
Ainsi que nous l’écrivions dans la chronique du tome précédent, l’épique et tonitruante conclusion du tome 14 sonnait le glas de l’univers construit par Froideval. Ce dernier nous avait d’ailleurs confié quelle suite il comptait donner à sa série maîtresse : « Je ne veux plus de longue série qui prenne vingt ans pour arriver jusqu’au lecteur ! Nous travaillerons donc par cycle de deux ou trois albums mais dans des temps fort différents et avec d’autres héros. Ainsi, j’ai bien en tête ce qui se passe trois mille après : ce sera dingue, titanesque, monstrueux, insensé et impressionnant. »
Ces adjectifs conviennent bien à cette série des Chroniques de la Lune noire, où chaque tome est plus dantesque que le précédent, et où chaque bataille opère cette escalade, qui semblait sans limite. Pourtant, le tome 15 de ce nouveau cycle proposait un tempo étrangement plus calme, voire « diplomatique ». Un adjectif étrange alors que la série s’était jusqu’ici construite sur les trahisons et les coups-fourrés. Ce n’était qu’une simple introduction avant le retour de la baston, pensions-nous. Pas vraiment...
Après une petite bataille en amuse-bouche, les nouveaux arrivants sur cette nouvelle Terre continuent de s’installer. Cela passionnera sans doute les amateurs de civilisations, mais les fans furieux des premières heures de cette fantastique saga resteront certainement sur leur faim. En dépit d’une légère montée en puissance pendant l’album, la libération guerrière n’arrive pas, créant une profonde frustration tandis que le récit s’achève sur un sobre et décent « Fin de la première époque » !
En dépit quelques mimiques quelquefois étranges qui animent le visage de Wismerhill, le dessin d’Angleraud tient globalement le niveau, avec des doubles-planches aux constructions particulières qui conviennent bien aux différentes atmosphères dégagées : belliqueuses, narratives ou liées à l’élaboration des nouvelles constructions.
Six ans après la fin du premier long cycle, ces nouveaux albums sont pourtant trop lents et trop espacés pour supporter la comparaison avec le souffle épique des précédents. Ne vaut-il pas mieux réaliser des hors-séries, ou une suite d’albums plus rapides lourds de nouveaux défis, plutôt que de se dissoudre dans cette sorte de langueur narrative ? La question mérite d’être posée.
(par Charles-Louis Detournay)
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