City Hall T5 - Par Guérin & Lapeyre - Ankama Editions

Si vous ne connaissez pas l’univers de City Hall, il s’agit d’un croisement entre La Ligue des Gentlemen Extraordinaires pour l’utilisation de figures historiques dans un contexte fantastique, et du manga Death Note, pour l’utilisation du papier en tant qu’arme.

Mais à la différence du manga de Tsugumi Ōba et Takeshi Obata, l’écriture permet ici de créer, et non de tuer. Les écrivains ont en effet le pouvoir de donner vie à des créatures de papier appelées des papercuts, parfois gigantesques provocant des destructions massives, ou beaucoup plus subtiles pouvant se faire passer pour des humains.

L’univers de City Hall se situe des années après une grande guerre, justement provoquée par l’utilisation de gigantesques papercuts. L’utilisation du papier a été bannie jusque dans la mémoire collective, jusqu’au jour ou un bout de feuille est retrouvé près d’un cadavre. La police de Londres mandate l’écrivain Jules Verne afin d’enquêter.

La série met en scène un trio composé donc de Jules Verne, Arthur Conan Doyle, et Amelia Earheart, aux prises avec les maléfiques Lord Black Fowl et Mary Shelley. Au cours du récit, les héros rencontrent d’autres figures historiques comme le tourmenté Harry Houdini, ou le psychopathe Howard Phillips Lovecraft.

Jules Verne et Victor Hugo

©Lapeyre/Ankama Editions

Alors qu’à la fin du tome 3, les auteurs avaient bouclé un premier arc narratif par une terrible révélation concernant leur héros Jules Verne, ce deuxième cycle propulse le trio dans Paris aux côtés de Victor Hugo, en quête d’un moyen pour sauver Pierre Verne, le père de Jules, d’une exécution ordonnée par la reine d’Angleterre.

Malgré des qualités que nous avions soulignées dès le début du tome 1, nous regrettions le côté trop dense de cette série, dû à une trop grande générosité de ses auteurs dans leurs références, et une volonté de trop en faire tant scénaristiquement que graphiquement.

Depuis le tome 4, le scénariste Rémi Guérin a calmé le jeu. En effet, après un torrent d’informations à ingurgiter par le lecteur au cours des premiers tomes, l’intrigue peut enfin se poser et la progression de l’enquête s’installer. Les relations entre les trois personnages principaux prennent un nouveau tournant, Jules s’isolant naturellement tandis qu’un début d’idylle se noue entre Amelia et Arthur.

Houdini en perdition dans le labyrinthe de Lewis Carroll

©Lapeyre/Ankama Editions

Cependant, le tome 5 réserve de réjouissantes surprises, avec au menu un affrontement entre Jules et Guy de Maupassant manipulant le Horla, et un jeu du chat et de la souris entre Houdini et sa nemesis dans un monde inversé manipulé par … Lewis Carroll !

Le futur jeu de plateau

©Ankama Editions

Le dessinateur Guillaume Lapeyre, tout en nous offrant des décors toujours aussi travaillés, met de côté ses environnements urbains au profit des personnages, privilégiant les huis clos et les univers fantastiques. Il a semble-t-il pris beaucoup de plaisir à s’emparer du monde de Lewis Carroll, jouant même parfois avec la transparence de la page dans un but narratif.

Au final, ce tome 5 est une vraie réjouissance et confirme bien que City Hall est dans le top 3 des poids lourds de l’éditeur Ankama. Devant son succès, nul doute que la série ne se terminera pas au tome 6 qui clôturera ce deuxième cycle.

Au passage, notons qu’un jeu de plateau inspiré de la série sera disponible le 5 septembre 2014, adapté par l’auteur de Jeu de Rôles Laurent Devernay, et intitulé Histoires extraordinaires. Le joueur pourra ainsi incarner un soldat, un espion, un inquisiteur ou un écrivain, chaque vocation apportant son lot de capacités à faire progresser au fil des aventures.