Ce 9 janvier, veille du 75e anniversaire de Tintin, c’était salle comble au Centre Belge de la Bande Dessinée, où des journalistes venus de tous les coins de Belgique, de France et d’Europe, venaient écouter le programme des festivités de "l’année Tintin" en présence de nombreux spécialistes (et en l’absence remarquée du plus prestigieux d’entre eux, Benoît Peeters) et de l’inévitable politicien de service.
Ferry, pour le Centre Belge de la Bande Dessinée, annonçait l’ouverture le 18 mai prochain, d’un nouvel espace Hergé en ses murs. Celui-ci remplacera l’actuelle zone consacrée à Hergé. Avec, en façade, le château de Moulinsart, elle visera à faire mieux connaître Hergé aux 250.000 visiteurs annuels, pour moitié venant de l’étranger et donc souvent incultes en matière tintinophilique. Plus didactique, il offrira une introduction à l’homme et à l’oeuvre.
La Poste belge rendra, elle aussi, hommage à Hergé par l’émission de cinq nouveaux timbres en mars prochain. Ce n’est pas la première fois que Tintin est ainsi la vedette d’une édition philatélique spéciale, mais elle sera, cette fois, accompagnée de l’édition d’un album de luxe par Moulinsart autour de ces cinq timbres.
Chez Moulinsart, l’actualité est d’abord théâtrale, avec la tournée de l’adaptation sur scène des "Bijoux de la Castafiore" par le Théâtre Am Stram Gram de Genève, dont l’excellente réputation a franchi les frontières. Après la comédie musicale de Tintin, qui fut un immense succès en Belgique avant de devenir malheureusement un gouffre financier en France, ce spectacle devrait faire salle comble du 13 février au 14 mars à la salle Aula Magna de Louvain-la-Neuve.
L’actualité de Moulinsart est également éditoriale. Outre la parution du quatrième tome de la fabuleuse "Chronologie d’une oeuvre" par le minutieux (et passionné) Philippe Goddin, Didier Platteau, Directeur Editorial, a également publié "Drôles de plumes", recueil de nouvelles inspirées à divers écrivains belges par Tintin, et "Le mythe du surenfant", un essai de Jean-Marie Apostolidès tentant d’expliquer les sources du succès unique de Tintin.
Enfin, Moulinsart a également participé à la conception du numéro spécial du "Figaro Magazine", réalisé avec la collaboration du premier journaliste à avoir publié un livre sur Tintin, Pol Vandromme.
Pour Casterman, Etienne Pollet, spécialiste attitré de l’oeuvre d’Hergé chez son éditeur historique, présenta la réédition, 18 ans après sa première édition, de l’album inachevé de Tintin, "L’Alph-Art". Celui-ci se voir désormais intégré à la collection normale.
Casterman vient également d’éditer des coffrets en petit format des albums noir et blanc de Jo, Zette et Jocko, et prépare, outre l’édition en bruxellois des "Bijoux de la Castafiore", un livre sur le travail d’Hergé pour ses albums en noir et blanc ("Tintin noir sur blanc") et "Tintin, ketje de Bruxelles", un ouvrage montrant toutes les similitudes entre les albums de Tintin et la ville de Bruxelles.
Laquelle ville de Bruxelles lui rendra hommage par une exposition "Tintin en ville" aux Halles St Géry dès le 1er avril 2004. On y découvrira tous les lieux de Bruxelles figurant dans l’œuvre d’Hergé, mais aussi ses rapports avec l’architecture d’autres villes. Cette exposition sera illustrée par des maquettes reconstituant l’univers de Tintin.
Ajoutons à cela une exposition à Londres (musée maritime de Greenwich), "The adventures of Tintin at sea", du 31 mars au 5 septembre ; et une autre à Leiden, aux Pays-Bas, "Met Kuifje naar de Inca’s". Plus encore la pièce de 10 euros à l’effigie de Tintin que sortira la Monnaie Royale de Belgique en février. C’est sûr : l’année Tintin commence bien.
Mais se poursuivra-t-elle bien ? Si Nick Rodwell est positif par rapport à l’évolution du projet de musée Tintin à Louvain-la-Neuve, qui devrait aboutir en 2007, et par rapport au projet d’adaptation de certains albums au cinéma par Spielberg, il devient nettement plus sombre quant aux conséquences financières pour Moulinsart du gouffre de la comédie musicale en France, dont les suites se déroulent actuellement au tribunal. "Pour Moulinsart, c’est l’équivalent de la Sobelair", explique-t-il, faisant allusion au désastre d’une compagnie aérienne belge. "Nous avons misé énormément sur ce projet et nous avons perdu. On ne peut pas gagner tout le temps". Mais il reste discret quant à l’ampleur du séisme financier ainsi provoqué.
(par Patrick Albray)
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