Ce deuxième opus est tout aussi réjouissant et réussi que le premier dans lequel on suivait les aventures d’Elliot pour sa rentrée en sixième. On y découvrait ses camarades de classe, de Hari, son meilleur ami, à Bastien, la terreur de la récré, en passant par la timide et sérieuse Églantine.
Elliot et les réseaux
La donne change un peu dans ce nouveau tome où Théo Grosjean choisit d’aller plus en profondeur dans les relations entre ses personnages tout en gardant le format des sketches à chute qui lui réussit bien. L’auteur explore ici le phénomène des réseaux sociaux dans la cour de récré et comment ceux-ci peuvent changer son héros.
On retrouve un Elliot toujours stressé et accompagné de sa mascotte orange, qui représente son anxiété permanente et le « conseille » au quotidien. Cependant, la peur de l’inconnu étant passée, cette mascotte a moins de prise sur notre héros qui est plus apaisé et retrouve avec bonheur Hari dans les premières pages de l’album. Il se rapproche aussi peu à peu d’Églantine, notamment lorsque tous deux s’aperçoivent qu’ils ont chacun leur mascotte de l’angoisse. Cela amène quelques scènes particulièrement drôles.
Mais les choses se compliquent quand, grâce à une chorégraphie postée sur TicToc (sans les K dans la BD) et à la maladresse de son grand-père, Elliot devient une star des réseaux sociaux. Cette soudaine « célébrité » le rend un peu méprisant, ce qui l’éloigne de ses amis, et notamment Hari qui avait déjà mal pris le rapprochement de son ami avec Églantine. Cette dernière aussi finit par prendre ses distances et se rapproche de Bastien. On en apprend enfin un peu plus, son histoire familiale expliquant en grande partie son comportement.
Une BD antistress multigénérationnelle
Impossible, une fois encore, de ne pas faire le parallèle entre l’auteur et son personnage, Théo Grosjean ayant fait et continuant à faire connaître son travail en postant sur Instagram, le réseau social où il publie ses planches dans les dix slides prévus pour une publication. C’est comme cela que sa série L’Homme le plus flippé du monde et le plus récent L’Œil du cyclone ont conquis un large lectorat, avant même leur publication chez Delcourt.
Et si la catharsis consistant à coucher en images ses angoisses fonctionne pour l’auteur, elle est aussi efficace pour les lectrices et lecteurs qui peuvent s’identifier sans difficultés aux problématiques rencontrées par l’un ou l’autre des personnages de cette série.
Avec ce deuxième album, Théo Grosjean confirme s’il était encore besoin qu’il est un des auteurs qui comptent dans la nouvelle génération des bédéistes français. Capable de s’adapter à un public jeunesse comme adulte, ses sketches et les thèmes qu’il aborde sont universels et parlent à toutes les générations, comme le montrait déjà l’excellent Le spectateur dont vous parlait sur ActuaBD Charles-Louis Detournay en 2021.
L’auteur sait mieux que personne poser nos angoisses existentielles en phylactères et les dédramatiser (un peu) par des touches d’humour décapantes mais jamais moqueuses. De quoi rassurer et conquérir n’importe quel lectorat.
(par Gaëlle BEDIS)
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