Nouveau titre offrant une énième variation autour des zombies, Fortress of Apocalypse peine pour le moment à se forger une identité propre ou à renouveler le motif. Le point de départ, en milieu fermé, semble proposer une variante en huis-clos, et combiner la menace avec celle des compagnons d’infortune, tous liés, de près ou de loin, à la délinquance. Mais ce huis-clos ne tient pas vraiment, malgré de réguliers rappels avec le décompte des survivants, et embraye rapidement sur un road-movie.
On le sait, le zombie sert à montrer l’humanité en décomposition, physiquement à travers la putréfaction des corps transformés, et moralement à travers les choix, souvent peu reluisants, opérés par des personnages devant opter entre principes et survie. Le renoncement à un certain idéal, ou la volonté de le maintenir mordicus, fait donc partie du jeu et anime la tension dramatique de ce type de récit.
Avec des personnages a priori posés comme déviants ou faisant peu de cas d’autrui, cet aspect apparaît estompé dans Fortress of Apocalypse. C’est qu’un choix inverse semble effectué : celui de montrer les bons aspects, la nature généreuse de pseudo-délinquants. Nous avons donc là une sorte de contre-pied mais qui ne convainc guère, versant plutôt dans des bons sentiments un peu superficiels et mettant en scène des héros pour l’heure trop archétypaux, voire caricaturaux.
Cependant, le manga s’anime et s’éclaire lorsqu’il s’échappe hors des sentiers du strict univers zombies et du monde des ados incompris pour verser dans une veine fantastique moins explicite, nettement plus inquiétante au final. La rencontre avec un mystérieux souverain des zombies, transformant la masse des corps en gigantesque vague, ou la découverte d’hybrides canins proprement terrifiants, constituent des moments forts.
C’est dans cette direction qu’on espère voir le titre s’orienter à présent.
(par Aurélien Pigeat)
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