Dire que la disparition d’Hergé a été traitée par les medias comme celle d’une figure historique n’est pas exagéré. Le lendemain de sa mort, survenue le 3 mars 1983, l’ensemble des medias lui accordaient la "une". Le quotidien "Libération", pour la première fois, remplaçait toutes les photos du journal par des vignettes tirées des albums d’Hergé (aujourd’hui, il devrait d’abord en passer par les services juridiques de Moulinsart et abandonnerait probablement le projet...). Le jour-même, toutes les radios et les télévisions interrompaient leurs programmes pour diffuser des émissions spéciales. Tous les journalistes s’étaient reconnus en Tintin, et la tristesse et l’admiration se lisaient partout.
(A Suivre) mit un mois pour sortir un brillant numéro spécial, avec toute son équipe de dessinateurs, mais aussi quelques collaborateurs venus de divers horizons. Chacun avec ses propres moyens. Sans tomber dans le pathos, des dessinateurs racontaient en BD "leur" Tintin, ou l’une ou l’autre anecdote en rapport avec Hergé. Benoît Peeters, déjà spécialiste de son œuvre, racontait sa carrière, en se limitant encore aux aspects "autorisés" de sa vie. Et Thierry Groensteen retraçait tout l’impact de la mort d’Hergé sur les medias. De nombreux témoignages venaient ponctuer ce numéro, l’un des plus riches rassemblé par l’équipe de Jean-Paul Mougin, le rédacteur en chef.
Si vous étiez trop jeune pour avoir lu ce numéro, Casterman vous l’offre en version cartonnée. Vous y retrouverez les signatures d Bob de Moor, Boucq, Tronchet, Fred, Margerin, Comès, Pétillon, Tardi, Goffin, Rivière, Florence Cestac, F’Murr, Sokal, Jean-Claude Denis, François Bourgeon, Jean-Claude Forest et bien d’autres.
(par Patrick Albray)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
"Le numéro d’avril 1983 se trouve reproduit ici à l’identique", nous dit l’éditeur. "Aucune mise à jour n’a été effectuée afin de préserver l’authenticité et la cohérence de cet ensemble." Il signale cependant que l’un des auteurs n’a pas souhaité que sa contribution soit reprise et qu’un autre n’a pu être joint à temps pour autoriser la réédition de ses planches. Qu’un auteur n’ait pu être contacté "à temps" alors que l’équipe d’origine avait réalisé ce numéro en un mois est plutôt grotesque. Le prix, lui, ne l’est pas : 18 Euros, pour la réédition d’un magazine, c’est un peu exagéré...