Comme dans un film noir de l’âge classique, l’histoire commence avec une femme brune aux lunettes noires, qui s’arrête dans un hôtel. Pourquoi, combien de temps ? Ne cherchez pas à savoir. Au bout de ce récit de plus de 100 pages, on n’en sait d’ailleurs guère plus. L’auteur s’attache autant aux personnages secondaires, tel ce motard asiatique qui ne quitte jamais son casque, qu’au fond de ce qui semble être une enquête menée par la cliente du début.
Anthony Pastor s’affirme en styliste, mais pas en scénariste. Son intrigue nous échappe dès les premières pages. Les têtes de chapitres saupoudrées de phrases sibyllines n’aident pas davantage à la fluidité de l’histoire.
L’auteur narre son polar décalé avec une forme invariable : deux images par page, et un texte qui n’a droit de cité qu’au-dessus ou en dessous. Loustal en a fait une marque de fabrique.
Dommage, car son dessin a encore évolué : Certains paysages urbains évoquent le peintre Hopper et les couleurs font leur apparition, avec une utilisation très intéressante des hachures.
Mais malheureusement, le lecteur manque de repères tout au long de l’album, et les personnages ne suscitent guère l’intérêt.
Son intrigue fait voisiner des personnages ordinaires et ternes avec des figures excentriques (cet insupportable motard vendeur de briquets à la sauvette) et des figures classiques du polar.
Son personnage principal féminin ne déclenche pas suffisamment d’élan romanesque, le sujet de son enquête non plus. Reste l’ambiance, qui peut séduire, mais pas le plus grand nombre.
(par David TAUGIS)
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