Aiura est un jeune lycéen qui, partant à la recherche d’un trésor familial (le sabre Karasumaru), se retrouve coincé dans le petit village de Kebigasawa dans le Japon rural. Là-bas, il est confronté à des rites centenaires d’initiation sexuelle qui le dépassent complètement. Sans tabous, les villageois s’adonnent apparemment aux plaisirs de la chair selon leurs envies. Et les jeunes ont droit à tout le cérémonial de découverte de l’acte sexuel. Entre peur, incompréhension et désir, Aiura n’est pas au bout de ses peines... Surtout que l’auberge où il trouve refuge est tenue par une hôtesse au charme envoûtant. Sans parler de sa fille, Sumiko, dont le caractère reste un mystère. Aiura va-t-il sortir indemne de tout cela ?
Suite et fin de l’histoire rocambolesque de Aiura. La quête du jeune homme (retrouver Karasumaru) se transforme, sous la plume de Haruko Kashiwagi, en un conte coquin présentant les situations et les rencontres qui feront de Aiura un homme. Les scènes de rapport sexuel ne tombent pas dans la pornographie, le dessin cherchant à rester plus suggestif qu’explicite. Le ton est léger et certains lecteurs s’amuseront de la naïveté et de l’inexpérience du personnage. Mais, en fait, le véritable sujet est là : l’éveil sexuel des adolescents. Pour cette thématique à la fois riche et complexe à traiter, l’auteur s’appuie sur une opposition manichéenne entre "ancestraux ruraux" et "habitudes citadines". En fait, le choix de prendre comme contexte de l’intrigue un village aux mœurs sexuelles et rites initiatiques très particuliers détourne l’œuvre sur un aspect (soi-disant) historique plutôt qu’éducatif.
"Bien entendu, de nombreuses problématiques d’ordre éthique viennent se greffer autour du concept de sexualité communautaire. Choix et consentement, grossesse et paternité, maladies vénériennes,etc. Des questions fondamentales pour tout individu intégré à une société moderne. Mais le débat éthique, aussi intéressant soit-il, n’est cependant pas à l’ordre du jour et nous nous focaliserons sur les aspects socio-culturels présentés dans le manga", écrit Shigenori Iwata, présenté, par l’éditeur, comme un "sociologue réputé et grand spécialiste des traditions folkloriques japonaises". Dommage, car à notre sens, le débat éthique est moins anecdotique que les aspects socio-culturels présentés dans Initiation.
Alors, bien sûr, ce n’est qu’une fiction mais la publication de Réseau positif rappelle que les contaminations par le sida ne sont pas à la baisse. Dans ce contexte et sur un sujet aussi brûlant, l’éclosion du sentiment amoureux chez les adolescents méritait mieux.
(par Laurent Boileau)
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Hanazono Merry-go-round©2002 by Kashiwagi Haruko/Shogakukan Inc., Tokyo