« Marcel passa brièvement dans ma vie. Cela se déroula dans les années cinquante ou septante. Je ne sais plus exactement. On habitait dans le Michigan ou dans le Brabant Wallon. Je n’ai jamais eu une bonne mémoire. Je restais toute la journée avec ma mère. J’étais trop petit pour aller à l’école. Mon père travaillait comme contremaître ou quelque chose comme ça chez General Motors. Un après-midi, on frappa à la porte. Ma mère alla ouvrir. L’homme qui se présenta était bizarre. Ce devait être un étranger Je n’en avais jamais vu. Je crois que c’était une belette. A bien y réfléchir, c’était plutôt une tortue. »
Ainsi débute le nouveau récit de Jean-Luc Cornette, toujours aussi délicieusement pervers et dérangeant, épaulé cette fois au dessin par Eric Warnauts faisant une petite infidélité à son comparse Guy Raives.
(par JLM)
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Tous les scénarios de Jean-Luc Cornette doivent être lus à plusieurs niveaux. Celui-ci ne faillit pas à la règle. Certains trouveront jouissif ce permanent troisième degré (au moins), d’autres seront irrités par ces histoires déroutantes, sans queue ni tête. Plus qu’une histoire, ce sont des émotions, des sensations, du vécu que Cornette essaie de faire passer dans ses récits. Opérant en parfaite symbiose avec Eric Warnauts qui parvient à traduire en dessin l’esprit (tourmenté) du scénario, cet album est un petit bijou de drôlerie.
Et le format carré de vingt centimètres sur vingt, en cent-vingt pages, convient parfaitement à cet exercice de style. On espère une suite à ce premier épisode, suite dont le titre ne pourra être, évidemment, que Jean-Polpol II .