Anna, jeune métisse, essaie de trouver la paix intérieure. Elle est trop blanche pour les noirs, et trop noire pour les blancs. Elle ne supporte plus les brimades des petits caïds noirs de Harlem. La ségrégation raciale fait rage à New-York dans les années ’20. Les blancs lui réservent un accueil similaire. Heureusement, Anna peut s’appuyer sur une famille solide et unie. Elle vit et travaille avec sa tante et son oncle. La jeune femme prend la vie comme elle vient, et essaie de profiter des ses bons côtés, que cela soit dans son job de serveuse dans le restaurant de son oncle, ou dans ses virées avec ses copines dans les speakeasies, les bars clandestins, où l’alcool coule à flot malgré la prohibition. Tout Harlem s’y amuse chaque nuit, vibrant au son du jazz ou du ragtime.
Ses origines vont se rappeler à elle, et la tourmenter lorsqu’elle lit, à sa grand-mère aveugle, le cahier central d’un quotidien relatant les grandes aventures de ce début de siècle. L’article est consacré à une expédition dont les membres ont mystérieusement disparu aux confins du Kenya et du Tanganyka. La grand-mère d’Anna est subitement prise d’un malaise lorsqu’elle entend que le chasseur de fauves Clarence T. Whitmore faisait partie de l’expédition. Le passé douloureux de la famille refait surface. Anna apprend que Whitmore est son père ! Elle ressent alors un appel … celui des origines.
Joël Callède prend le temps de d’installer l’univers dans lequel évolue l’héroïne, étape essentielle pour comprendre les motivations de cette jeune femme qui souffre face au mépris des autres. Si bien que l’on s’attache rapidement à cette sensuelle et émouvante métisse, en quête de ses origines. L’histoire est plus classique que les autres récits du scénariste, et mélange le romantisme et l’aventure.
Le récit est magistralement mis en image par Gaël Séjourné. Il fait preuve de beaucoup d’aisance. Il joue sur les atmosphères, sur l’élégance et la sensualité de l’héroïne pour nous charmer page après page. La mise en couleur de Verney participe grandement à la qualité graphique de la série. Le savoir-faire de ce trio d’auteurs nous étonnera sans nul doute encore dans le deuxième tome. A découvrir, sans hésiter.
(par Nicolas Anspach)
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