En compétition dans la Sélection jeunesse du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême 2020, cet ouvrage didactique et militant constitue une excellente entrée en matière pour quiconque s’intéresse au féminisme.
Divisé en six chapitres, l’album propose des réflexions sur la représentation féminine (dans la fiction ou la publicité, notamment), l’amitié, les relations amoureuses, la beauté, le genre et l’intersectionnalité.
À ces sujets s’ajoutent cinq capsules complémentaires sur le test de Bechdel, l’écriture inclusive, le consentement, les privilèges, et finalement une note intitulée « Est-ce que les féministes détestent les hommes ? ». (La réponse est non.)
Conçu avant tout pour les enfants, l’album réussit à vulgariser efficacement des concepts complexes, tels que les questions relatives au genre (différences entre personnes transgenres et cisgenres, différences entre orientation sexuelle et identité de genre, ou encore introduction à la non-binarité).
Il en est de même pour son traitement de l’intersectionnalité, principe selon lequel certaines personnes peuvent subir simultanément plusieurs formes de discrimination ou de domination [1]. La reconnaissance de ce principe permet ainsi au discours féministe de tenir compte des différentes inégalités auxquelles sont confrontées certaines femmes (sexisme, racisme, homophobie, transphobie, validisme [2], classisme [3], grossophobie, etc.) et de chercher à lutter plus efficacement contre celles-ci.
Seul bémol de cet album : quelques lecteurs pourraient avoir des réticences face au dessin parfois rudimentaire de Mirion Malle. Néanmoins, le contenu de l’ouvrage mérite que l’on s’y attarde. Car au final, il conviendrait de mettre La Ligue des super féministes non seulement entre les mains de plusieurs enfants – filles et garçons – mais aussi entre celles de plusieurs adultes.
(par Marianne St-Jacques)
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La Ligue des super féministes, par Mirion Malle, La Ville Brûle, 64 p. Parution en Europe le 4 janvier 2019 et au Canada le 27 mars 2019.
[1] Le grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française définit ainsi l’intersectionnalité : « Cumul de différentes formes de domination ou de discrimination vécues par une personne, fondées notamment sur sa race, son sexe, son âge, sa religion, son orientation sexuelle, sa classe sociale ou ses capacités physiques, qui entraîne une augmentation des préjudices subis. »
[2] Le validisme (ou capacitisme) est une forme de discrimination subie par les personnes en situation de handicap (visible ou invisible).
[3] Le classisme est une forme de discrimination basée sur l’appartenance (ou non) à une classe sociale.