Dans le chaos de l’annexion d’une zone finlandaise par l’URSS, des paysans, des soldats perdus et des habitants déboussolés se croisent, au milieu des décombres et des morts. Les animaux jouent également leur survie. 1944, l’Isthme de Carélie connaît ses derniers jours de liberté. Parmi les personnages en marche vers l’exil, Maria, attachée à sa vache proche de mettre bas, et un soldat finlandais en plein délire après des blessures graves. Comment vont-ils vivre cet épisode douloureux ?
La Terre perdue propose une expérience de lecture hors du commun : outre le récit en BD, réalisé au crayon, de nombreuses photographies d’époque apparaissent en complément. Ces documents sont d’autant plus importants qu’il apportent des précisions au récit, complètent les scènes. D’autant plus frappant que la qualité est remarquable, de même que la numérisation. L’histoire en elle-même ne s’inscrit pas vraiment dans une progression dramatique, misant davantage sur une ambiance générale sombre et lourde, avec quelques moments d’apaisement.
Hanneriina Moisseinen réalise un travail de mémoire imposant avec cet album hybride, dont la sobriété graphique s’appuie sur un minutieux travail de hachurage, seul garant de contrastes probants du dessin. La lecture demande cependant de se laisser porter par les atmosphères, et pourra en perdre certains en chemin ...
(par David TAUGIS)
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