Hachette Collections remet le couvert. Les Pieds Nickelés étaient une création géniale de Louis Forton publiée par les éditions Offenstadt en 1908 dans la revue L’Épatant. Ils sont en quelque sorte les premiers anti-héros de l’histoire de la BD française !
C’est l’une des premières bandes dessinées vraiment populaires où trois escrocs filoutent leur monde à longueur de pages, mais avec une certaine éthique quand même : à la fin de l’histoire, ils se retrouvent le plus souvent les poches vides, victimes de leurs propres truanderies. On rit de bon cœur cependant car ils n’entourloupent que les nigauds qui essaient le plus souvent de jouer les malins avec eux. Mais à malin, malin et demi…. S’il est une chose sur laquelle nos héros ne nous trompent pas, c’est sur la drôlerie.
La gouaille de Roland de Montaubert, sans doute le meilleur des scénaristes qui ont repris la série alors qu’elle était dessinée par René Pellos (1900-1998) entre 1948 et 1981, était originale, truffée de mots d’argot, mais jamais vulgaire. Idem pour son successeur Veissid, l’artisan de L’Almanach Vermot. Le Franco-genevois René Pellos, Grand Prix d’Angoulême 1976, n’avait pas son pareil pour dessiner le blaze dépité des victimes de ses héros.au cœur de la France des Trente Glorieuses. Un humour bon enfant, débraillé et populaire.
Ce n’est pas un hasard si l’académicien et grand historien Jean Tulard est fan de ces personnages : Les Pieds Nickelés racontent merveilleusement l’histoire. En cause dans les premiers deux albums de cette réédition : la pénurie (un peu oubliée) de pétrole en France après l’affaire de Suez en 1953 ou encore la merveilleuse ORTF à l’époque où la TV était en noir et blanc et aux ordres de Mongénéral, comme disait Le Canard Enchaîné.
Certes, il faut s’armer de patience car la collection est longue (la « Jeunesse Joyeuse » comptait 126 volumes), mais il est heureux que ce pan important de l’histoire de la bande dessinée soit à nouveau remis en circulation.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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