Première artiste du monde arabe à avoir fait apprécier avec autant d’énergie la musique orientale à un public occidental, Oum Kalthoum (graphie française parmi de nombreuses versions) est le rossignol du Nil, l’astre d’Orient, la quatrième pyramide d’Égypte, la voix des arabes, el sett, la dame, au répertoire de 400 chansons…
Le duo d’autrices est composé de Chadia Loueslati à l’illustration (Nos vacances au bled, Famille nombreuse, Rien à perdre...), Nadia Hathroubi-Safsaf, rédactrice en chef du Courrier de l’Atlas et autrice d’essais et romans, au scénario.
Elles nous emmènent faire un tour rapide de ses succès, du Caire à Paris, de sa naissance en 1898 à sa mort en 1975, en passant par sa rencontre avec le célèbre poète Ahmed Rami, et sa carrière au cinéma. Obligée de se déguiser en homme pour se produire, Oum Kalthoum finit par faire ses concerts en tenues de femme tout en refusant la sexualisation. Cette biographie synthétique fait donc le portrait fier d’une femme qui choisit de poursuivre ses ambitions dans un monde où le père et le frère, quand ce n’est le mari, ont le pouvoir.
C’est pourtant un album jeunesse - la simplification de l’histoire nous le fait comprendre, ainsi que la distance avec le contexte politique de l’époque, ô combien complexe mais indissociable de sa carrière.
Les passages changent du noir et blanc ou sépia selon l’époque (on reconnaît quelques images d’archive), ornés dans les scènes de chants par une typographie arabe élégante, mais l’histoire aurait pu profiter davantage d’un dessin contrasté à l’encre plutôt que du style numérique et bien reconnaissable des dessins à la tablette graphique.
Cette BD se porte donc comme une invitation à découvrir l’œuvre impérissable d’une grande artiste, plutôt que son histoire en soi ; en cela l’entreprise mérite bien des louanges même si les BD-hommages aux grandes artistes ont souvent du mal à rejoindre l’éclat de celles qu’elles louent.
(par Marlene AGIUS)
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Oum Kalthoum : Naissance d’une diva - Par Loueslati & Hathroubi-Safsaf- Ed. JC Lattès