Les inégalités de genre sont omniprésentes, et sont notamment entretenues par des éléments de notre environnement quotidien, qu’il s’agisse de l’existence de rasoirs roses (similaires aux bleus, mais bien plus chers), de l’appellation « soutiens-gorge » (alors qu’on ne parle pas de soutiens-couilles), de l’injustice de ne pas pouvoir pisser debout à tout moment et sans grande contrainte, ou de jeux vidéo dans lesquels le seul personnage féminin est présenté comme incompétent (la princesse de Mario Kart n’avance pas).
Sous forme de petites histoires de trois pages, Lisa Frühbeis revient avec humour et détachement sur la construction et la persistance de ces inégalités, en interrogeant leur origine historique et les usages divers qui en ont été faits au cours du temps, preuve de la contingence de certaines normes sociales (comme le rose, longtemps associé au « masculin »).
Si certaines scènes ont un air de déjà-vu, tant la littérature dessinée s’est saisie de ces questions, il est toujours bienvenu de se rappeler l’absurdité de ces situations. Le trait efficace de l’autrice rappelle les caricatures de presse : il faut dire que les planches de ce livre au format carré ont été publiées pour la première fois sous le titre My 100 days of Strangelife entre 2017 et 2019 dans l’édition dominicale du Tagesspiegel de Berlin. Pour la présente édition, elles ont été remaniées et complétées par d’autres planches.
(par Damien Boone)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.