Petit retour historique. Alors que la série L’histoire dessinée de la France est aux portes de la Renaissance, avec son prochain tome En âge florissant annoncé à paraître prochainement (on verra quand...), voici le tome attendu sur la fin du Haut Moyen-Âge, axé sur la figure centrale et incontournable de Charlemagne.
Pour ne pas changer une recette qui fonctionne, et qui fait toute la richesse de cette collection, cet album s’applique à déconstruire toutes les idées fausses et cette période et en particulier sur ce personnage emblématique.
Qui ne connaît pas Charlemagne ? De la chansonnette à l’instrumentalisation politique, les hommes des siècles passés l’ont mis à toutes les sauces. Pauvre Charlemagne qui doit bien rire lorsqu’on pense à sa barbe fleurie ou à sa prétendue « invention » de l’école, et qui doit être anéanti lorsque son nom est donné à une division SS, majoritairement composée de Français.
C’est à travers les yeux de Carl et Bertille, deux collégiens dynamiques, guidés par Eginhard, un des plus proches conseillers de l’Empereur, que nous allons remonter l’histoire de cette dynastie. Elle va mettre fin au règne des Mérovingiens et sera elle-même détrônée par les Capétiens. En attendant, elle va dominer l’Europe occidentale grâce à ses victoires militaires et à une politique d’alliance, par les mariages, très aboutie.
Au-delà de l’explication politique et sociale de l’époque, c’est aussi l’influence de cette dynastie et de son représentant emblématique qui est évoqué : de Louis XIV à Charles de Gaulle, en passant par Napoléon III, nombreux seront les hommes d’État à se revendiquer de l’héritage de Carolus Magnus, Charlemagne, Charles le Grand.
L’Europe elle-même, en tant qu’entité politique, s’en revendique, au premier rang de laquelle figure l’amitié franco-allemande.
Les conquêtes militaires sont rapidement évoquées au profit du personnage lui-même de l’Empereur, sa vie quotidienne, son entourage, son héritage (dans tous les sens du terme).
L’album se termine avec l’arrivée des Vikings sur les eaux de la Seine, ces conquérants qui vont bouleverser le fonctionnement bien rôdé de l’Occident médiéval (pour, finalement, s’y fondre).
La Renaissance carolingienne est-elle une réalité ? Dans une certaine mesure, certainement. Mais Charlemagne n’en est pas pour autant le seul initiateur, loin de là, et il ne faut pas reproduire une erreur trop souvent faite de décontextualiser une époque. Ainsi, l’âge d’or carolingien doit aussi beaucoup aux Mérovingiens : l’Histoire est un chemin continu.
Ce tome n’est pas le plus « dense » de la série, en terme d’informations. Toutefois, Sylvie Joye y aborde une des périodes les plus empreintes d’imaginaire et d’idées reçues. Il est à ce titre très intéressant, par un exercice de vulgarisation bienvenu. Le trait rapide, vif et efficace de Damien Vidal va à l’essentiel.
Enfin, comme pour chaque tome, un riche dossier documentaire d’une cinquantaine de pages, nécessaire pour approfondir certains aspects rapidement abordés dans la BD, complète l’ensemble, ainsi qu’un bibliographie complète.
(par Jérôme BLACHON)
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Livre l’interview de Sylvain Venayre, directeur éditorial de cette collection
Lire la chronique du tome 1 : La balade nationale
Lire la chronique du tome 2 : L’enquête gauloise
Lire la chronique du tome 4 : Les temps barbares
Lire la longue interview de Florian Mazel pour le tome 6 : Chevaliers, moines et paysans