Nos dossiers Les grandes expositions Exposition "Cosey, l’aventure intérieure" à Charleroi

Thierry Smolderen : « les liens entre l’œuvre de Cosey et la "Nouvelle BD" sont conséquents »

Par Nicolas Anspach le 15 février 2006                      Lien  
Thierry Smolderen est le commissaire de l'exposition "[Cosey, l'aventure intérieure->http://www.actuabd.com/rubrique.php3?id_rubrique=33]" à Charleroi. Grand connaisseur de l'histoire de la bande dessinée, de Winsor McCay à Chris Ware, il a pris soin de resituer le dessinateur suisse dans l'évolution du Neuvième Art, une évolution dans laquelle celui-ci joue en Europe un rôle appréciable.

Né en 1954, Thierry Smolderen se fait connaître - après une formation dans le cinéma d’animation et le théâtre - d’abord comme spécialiste de la bande dessinée, chroniqueur régulier des Cahiers de la Bande dessinée et, plus récemment, du numéro spécial BD de Art Press consacré au Neuvième Art. Dans ce domaine, on lui doit la première biographie d’Hergé qu’il avait co-signée avec Pierre Sterckx. Il mène aussi une carrière de scénariste : il publie aussi bien chez Dargaud que chez Delcourt, Glénat et aux Humanoïdes Associés, notamment la série Gipsy chez Dargaud avec Marini ou encore la biographie de Winsor McCay chez Delcourt avec Bramanti. Il habite aujourd’hui à Angoulême où il est professeur de scénario à l’École de l’Image. Il est également un des animateurs de référence du site Coconino World.

Pourquoi avoir accepté de participer à l’organisation de cette exposition ?

Ce projet rejoignait les recherches que j’ai réalisées ces derniers mois qui concernent l’aspect littéraire de la nouvelle bande dessinée. J’ai notamment écrit un article dans Art Press où j’analyse l’apport de nouvelles figures d’énonciation de la bande dessinée à la littérature. Dans 9e Art, j’ai réalisé une analyse de l’ensemble des articles sur les romans graphiques qui ont été publiés dans la presse anglaise. Ce genre commence à être reconnu comme une forme légitime de littérature qui est analysée, recensée, évoquée par des professionnels -et notamment des romanciers- comme étant l’un des avenirs de la littérature.

Je me suis souvenu de ma perplexité lorsque j’ai lu, pour la première fois, dans les années 80, À la Recherche de Peter Pan et Le Voyage en Italie. J’y voyais une bande dessinée littéraire qui se différenciait de pratiquement toutes les bandes dessinées. D’ailleurs, même un label plus ouvert tel (À Suivre) n’avait pas accepté de publier ce dernier récit tellement la narration de Cosey se différenciait de leur production.

Lorsqu’on m’a parlé de ce projet d’exposition, j’ai décidé de relire l’œuvre de Cosey en quête d’éléments précurseurs de l’arrivée de la nouvelle bande dessinée et des romans graphiques. Les liens existaient et les passerelles étaient importantes.

Thierry Smolderen : « les liens entre l'œuvre de Cosey et la "Nouvelle BD" sont conséquents »
L’exposition présente un nombre impressionnant de planches couvrant l’ensemble de l’œuvre de Cosey.
Photo (c) N. Anspach

Qu’est-ce qui vous a frappé lorsque vous avez rencontré Cosey pour la première fois ?

La première impression que j’ai eue est son extrême discrétion et sa timidité. Au fil de nos discussions, je me suis aperçu que c’est un homme puissamment intelligent, qui a un vrai goût pour la grande littérature américaine. En regardant sa bibliothèque, j’ai été frappé de découvrir que mon hypothèse était juste. Cosey n’était pas seulement l’un des précurseurs de la nouvelle bande dessinée, mais continue toujours à en lire. Il apprécie Chris Ware, Emmanuel Guibert, Joann Sfar, etc.

La scénographie astucieuse et aérée de Winston Spriet intègre des objets personnels de l’auteur.
Le lecteur reconnaîtra notamment la boussole chinoise utilisée à la planche 2 du Bouddha d’Azur et un manuel sur le port du « Saree ».

C’est aussi un homme qui s’intéresse au monde...

Effectivement. Il s’intéresse au monde réel et contemporain. Son intérêt premier est de traiter des relations humaines et d’analyser la manière dont les personnes se rétablissent de leurs blessures, se reconstruisent, se réinventent, apprennent en dialoguant avec les autres. Les personnages de Cosey ont souvent vécu des traumatismes résultant de la guerre ou de problèmes de société. Il parle de cela dans son œuvre avec simplicité, sans être moralisateur.

Une exposition sur Cosey s’est tenue à Angoulême, au milieu des années 90. En quoi « Cosey, l’Aventure Intérieure » diffère-t-elle de celle-là ?

Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de la visiter et ne peut donc pas vous donner une réponse judicieuse. Mais d’après ce que l’on m’en a dit, l’exposition d’Angoulême était axée sur le rapport de Cosey avec le Tibet ainsi que sur ses voyages. Cette approche était légitime et intéressante. À travers « Cosey, l’Aventure Intérieure », nous nous interrogeons sur la dimension littéraire de cet auteur et de son rapport avec le roman graphique.

Vous êtes également scénariste de bande dessinée. Quels sont vos projets ?

Je reste profondément attaché au site Internet Coconino World auquel je contribue régulièrement. J’ai publié, en janvier dernier, le quatrième album de McCay aux éditions Delcourt [1]. Je prépare un projet de bande dessinée mêlant politique et fiction, avec Dominique Bertail. J’ai également écrit les deux prochains albums de Gipsy qui sortiront probablement en 2007 et 2008.

Cosey & Smolderen
Photo (c) D. Pasamonik.

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

COSEY, L’AVENTURE INTERIEURE

Charleroi - Palais des Beaux-Arts

Du 11 février au 16 avril 2005

Du mardi au dimanche de 10h à 18h.

Image en médaillon © Nicolas Anspach

[1Avec Jean-Philippe Bramanti aux pinceaux.

 
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