Son crime ? Un dessin du 25 novembre 2020 dans la célèbre revue humoristique LeMan, une sorte de Charlie Hebdo turc, pour illustrer le confinement imposé par le Covid-21. On voit, sous le titre : « Sexe et pandémie… », un homme le nez dans le sexe d’une femme s’exclamant : « - Ouf, pas de perte du goût et de l’odorat ! »
La loi, jusqu’à présent, n’interdit pas les allusions et les représentations érotiques. L’obscénité -concept particulièrement subjectif- est cependant un élément courant de l’arsenal de la censure étatique. Voici quelques années, c’est sur cette base qu’avait été interdite la revue turque Harakiri. C’est pourquoi le procureur a demandé à une « Commission des publications obscènes » (« Muzır Neşriyat Kurulu ») de statuer sur le sujet.
À cela s’ajoute une nouvelle loi adoptée le 16 octobre 2022, par un parlement contrôlé par le parti islamo-conservateur de M. Erdogan qui criminalise la diffusion d’informations dites « trompeuses ». Si ce dernier acte législatif ne semble pas résister à l’examen, la précédente interdiction de Harakiri dont l’éditeur est le même que LeMan, ne laisse pas augurer un avis favorable. Le verdict à l’encontre de Mme Zehra Ömeroğlu devrait intervenir le 9 février 2023.
Tout cela relève évidemment du verrouillage des médias par le pouvoir en place à huit mois des élections présidentielles à venir et à la suite des dernières élections où le parti de M. Erdogan avait notamment perdu le contrôle de Ankara, Istanbul et d’Antalya.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon : Zehra Ömeroğlu. DR