Actualité

Turquie : la répression s’accroît sur la presse

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 11 novembre 2022                      Lien  
Décidément, les régimes autoritaires ne baissent pas la garde. Le 5 octobre dernier, la dessinatrice Zehra Ömeroğlu, du journal de caricature "LeMan" comparaissant devant le Tribunal de première instance d’Istanbul « suite à l’ouverture d’une accusation ex-officio pour obscénité préparée par le bureau du Procureur général d’Istanbul « annonce un communiqué de Cartooning For Peace. Elle encourrait de six mois à trois ans de prison et une amende.

Son crime ? Un dessin du 25 novembre 2020 dans la célèbre revue humoristique LeMan, une sorte de Charlie Hebdo turc, pour illustrer le confinement imposé par le Covid-21. On voit, sous le titre : « Sexe et pandémie… », un homme le nez dans le sexe d’une femme s’exclamant : « - Ouf, pas de perte du goût et de l’odorat ! »

La loi, jusqu’à présent, n’interdit pas les allusions et les représentations érotiques. L’obscénité -concept particulièrement subjectif- est cependant un élément courant de l’arsenal de la censure étatique. Voici quelques années, c’est sur cette base qu’avait été interdite la revue turque Harakiri. C’est pourquoi le procureur a demandé à une « Commission des publications obscènes » (« Muzır Neşriyat Kurulu ») de statuer sur le sujet.

Turquie : la répression s'accroît sur la presse
Sexe et pandémie : Ouf, pas de perte du goût et de l’odorat !
Dessin de Zehra Ömeroğlu pour LeMan

À cela s’ajoute une nouvelle loi adoptée le 16 octobre 2022, par un parlement contrôlé par le parti islamo-conservateur de M. Erdogan qui criminalise la diffusion d’informations dites « trompeuses ». Si ce dernier acte législatif ne semble pas résister à l’examen, la précédente interdiction de Harakiri dont l’éditeur est le même que LeMan, ne laisse pas augurer un avis favorable. Le verdict à l’encontre de Mme Zehra Ömeroğlu devrait intervenir le 9 février 2023.

Tout cela relève évidemment du verrouillage des médias par le pouvoir en place à huit mois des élections présidentielles à venir et à la suite des dernières élections où le parti de M. Erdogan avait notamment perdu le contrôle de Ankara, Istanbul et d’Antalya.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Didier Pasamonik (L’Agence BD)  
A LIRE AUSSI  
Actualité  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD