L’Allemand Wilhelm Busch (1832-1908) est sans conteste un des pères du 9ème Art. ActuaBD n’avait pas manqué, sous la plume d’Arnaud Claes, de célébrer le centenaire de sa disparition l’année dernière : « Alors que la bande dessinée pâtit outre-Rhin d’une réputation assez médiocre, Wilhelm Busch est, lui, une véritable institution. Poète, peintre et dessinateur prolifique, très célèbre de son vivant, son œuvre fait à ce point partie de la culture populaire allemande que l’on en trouve encore un recueil dans presque chaque foyer. Plus largement, ses histoires satiriques dessinées et légendées en vers aux rimes savoureuses font de lui l’un des pères fondateurs du 9ème art ».
Aux sources de la bande dessinée
Les amateurs pourront le constater de visu cet été en se rendant à Namur (au demeurant une destination très agréable pour un week-end) au Musée Félicien Rops qui organise une rétrospective du grand dessinateur allemand. Très didactique, la scénographie retrace son parcours qui permet de déceler dès ses premiers travaux la filiation d’une certaine vision de la caricature avec des peintres comme Jérôme Bosch et surtout Pierre Bruegel l’ancien et ses successeurs David Teniers et la longue lignée des peintres de genre hollandais que Busch connaissait bien pour avoir passé un long séjour à Anvers en Belgique.
Car telle est la richesse de cette exposition. Au mur, un original de Monsieur Vieuxbois de Rodolphe Toepffer voisine avec de magnifiques eaux-fortes de William Hogarth dont la série Carrière d’une prostituée (1732) inaugure une narration proche de la bande dessinée moderne, les « bordures grostesques pour pièces et couloirs » de Thomas Rowlandson (1800), ou encore les élégantes compositions de Jean-Jacques Grandville issues d’Un autre monde (1844) dont l’influence sur Busch est patente.
Influences
Les commissaires de l’exposition ne manquent pas d’indiquer le tribut que lui doivent quelques-uns des chefs d’œuvres de la bande dessinée mondiale comme les Katzejammer Kids de Dirks (les fameux « Pim, Pam, Poum », 1897).
On aurait aussi bien pu s’appesantir sur les artistes qui, sans l’œuvre de Busch, n’auraient pas eu la même ampleur, comme Caran d’Ache ou même, Will Eisner.
Mais cet ensemble d’originaux et d‘imprimés reste une remarquable odyssée dans les sources de la bande dessinée moderne et offre au visiteur, pour la première fois en francophonie, la mise à nu de quelques-uns des ressorts du 9ème art, notamment comme une rencontre improbable entre le théâtre et la peinture de genre.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Wilhelm Busch, de la caricature à la bande dessinée
Musée provincial Félicien Rops
Rue Fumal, 12
Namur (Belgique)
Jusqu’au 30 août 2009.
Plus de détails sur le site du musée
L’exposition est accompagnée d’un catalogue édité par la Stichting Kunstboek, avec des textes signés par le Dr. Hans Joachim Neyer, conservateur du musée Wilhelm Busch d’Hanovre, Nelly Feuerhahn, chercheur CNRS et rédactrice en chef de la revue Humoresques, et de Michel Defourny, maître de conférence en littérature jeunesse à l’Université de Liège. 96 pages, 80 illustrations, prix de vente du catalogue : 19,90 €.