Ah, les mini-récits ! Une légende ! Inventés par yvan Delporte, un typographe gaffeur que Charles Dupuis avait attaché à la rédaction pour lui donner un emploi et qui devient, à la mort de Jean Doisy en 1955, l’animateur, pour ne pas dire l’âme, du Spirou des années cinquante et soixante, autant dire la période de l’âge d’or du journal. Aussi érudit qu’autodidacte, le barbu de la rédaction n’aura pas son pareil pour trouver les idées qui vont faire de l’hebdomadaire de Marcinelle l’un des fleurons de l’École belge. C’est lui qui suggère à Franquin le personnage de Gaston, avec le succès que l’on sait.
Une invention d’Yvan Delporte
C’est lui aussi qui invente en 1956, à l’occasion du N°1000 du journal de la Bonne Humeur, l’idée de faire un petit album à monter soi-même encarté dans le journal. La formule séduit et, deux ans plus tard, il convainc Peyo d’utiliser les Schtroumpfs, des personnages secondaires des aventures de Johan & Pirlouit, pour en faire, à partir du 25 juillet 1959, des histoires indépendantes. Là aussi, on sait ce qu’il en est advenu et le succès mondial que les petites créatures bleues de Peyo ont connu depuis.
Des incunables de Peyo
Il est moins notoire que seuls ces petits récits Schtroumpfs sont de la main de Peyo. Quand ils ressortent en grand format quelques années plus tard, en effet, leur créateur s’est entouré depuis peu d’une brochette de collaborateurs, tous de grand talent, dont plusieurs feront ensuite une carrière remarquée en solo : Gos, Walthéry, Wasterlain, Derib... Ce sont eux qui dessineront les albums Schtroumpfs en collaboration -et sous le contrôle vétilleux- du dessinateur de Johan & Pirlouit (une série, en revanche, sur laquelle il n’accepta jamais un collaborateur). Il y eut en tout six albums de la main du maître (Les Schtroumpfs noirs, Le Voleur de Schtroumpfs, L’œuf et les Schtroumpfs, Le Faux Schtroumpf, La Faim des Schtroumpfs, Le Centième Schtroumpf), des petits chefs-d’œuvre de poésie et d’étrangeté que Niffle entreprend de rééditer ici dans un format du double de l’original, reproduits avec une qualité proprement maniaque, dans un petit écrin-objet élégant et racé. Quand on imagine que ces pages étaient restées inédites depuis 1959 (si l’on excepte leur publication dans les volumes des œuvres complètes chez Rombaldi) ! Merci monsieur Niffle de nous les apporter dans notre hotte de Noël !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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