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"Animal’z" : Le raffinement angoissé d’Enki Bilal

Par David TAUGIS le 28 mars 2009                      Lien  
Bilal fidèle à lui-même dans ce nouveau volumineux album noyé sous le gris : l'homme cause de sa propre perte, la lutte pour la survie, et toujours la même fascination pour l'hybridation et les mutations. Un pessimisme apaisé, que ses admirateurs reconnaîtront comme un gage de qualité, tandis que les autres déploreront un scénario assez léger dominé par les dialogues.

Depuis près de 30 ans que Bilal a marqué le monde de la BD par son style unique et ses visages marqués emplis de noblesse et de souffrance, ses obsessions demeurent.

Ce nouvel album diffère au bout du compte assez peu de sa production habituelle : dans un monde au bord du gouffre, les humains ne peuvent survivre qu’en puisant dans les flux vitaux des animaux les plus résistants, et s’entretuent pour l’eau et l’abri.

"Animal'z" : Le raffinement angoissé d'Enki Bilal
Animal’z de Bilal
Ed. Casterman

Animal’z met en parallèle des convois de survivants isolés qui vont tour à tour s’allier, se jauger, s’affronter.. Pour finir par revenir au point de départ : repartir pour quêter d’improbables oasis...

Le gris à peine nuancé de Bilal, tâché de ci de là de rouge, ajoute à l’ambiance morbide de cet album plongé dans une noirceur éthérée. Les quelques touches d’humour relèvent plus de la respiration obligatoire qu’autre chose.

Mais plus gênant, l’auteur donne l’impression de s’intéresser plus aux duels successifs entre ses personnages qu’à une véritable intrigue solide, s’appuyant sur des rebondissements réguliers.

Un de ses solitaires humanoïdes passe son temps à citer de grands auteurs. Nul ne s’étonnera d’y voir figurer en bonne place Camus et Cioran, bien connus pour leur humour désopilant et leur joie de vivre inébranlable. Une fois de plus, cette culture angoissée...

Style, raffinement, élégance des références littéraires : des qualités qui n’évitent pas au lecteur l’impression de sur-place. Pas vraiment insupportable, mais réellement frustrant.

(par David TAUGIS)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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5 Messages :
  • Depuis "Partie de chasse" son chef d’oeuvre,Bilal n’a cessé de décliner.

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    • Répondu par FdeLO le 30 mars 2009 à  08:57 :

      C’est un point de vue TIM. Je comprends que E. Bilal succite des critiques acides en matière d’image narrative mais ce qui est pour toi une déclination, est pour moi une évolution, un changement. Après, on a le droit de ne pas apprécier ou d’apprécier et dans les deux cas, il est facile de trouver des arguments. Perso, à l’ère du numérique et du bien aimé Photoshop, je trouve que les étales se remplissent d’un peu n’importe quoi ; une sorte de guerre des clones de Lanfeust, ou pire : certains comme L. Trondheim ont même prouvé qu’on peut faire de la BD sans savoir ni écrire, ni dessiner. Il en faut pour tous, mais -et ce n’est qu’un avis- Bilal a un trait à la fois énervé, tourmenté et élégant. Ce n’est pas un dessinateur, mais un artiste. Et comme les plus grands il sera toujours sujet de bonnes et mauvaises critiques. A mes yeux son travail n’a que les défauts de ses qualités, et il a surtout une âme.
      *Two big thumbs up*

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      • Répondu par G. Bienbu le 30 mars 2009 à  16:06 :

        Bilal, un des chèris de la presse bobo branchée, reste un bon dessineux.

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        • Répondu par Bob l’étoile le 30 mars 2009 à  22:07 :

          Non, Bilal est un mauvais dessinateur, c’est un faiseur, mais ce n’est pas là que se cache son talent, c’est un prodigieux créateur d’univers et d’atmosphère.

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    • Répondu par lorenzaccio le 1er avril 2009 à  15:30 :

      Je suis bien d’accord ! Le problème est que Bilal ne dessine pas, il fait des tableaux magnifiques mais il est incapable de faire un scénario. Ses meilleurs albums avaient P. Christin comme scénariste qui n’est pas la moitié d’un manchot et ceci explique cela. Partie de chasse est effectivement son meilleur album. Depuis, on a le droit à de superbes peintures (si on aime le style, moi j’aime) mais des scénarios ennuyeux, creux qui finissent en eau de boudin comme la dernière tétralogie démarrée en fanfare (le premier tome était prometteur !) et qui s’est échouée lamentablement.

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