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Pandemonium - T1 - Bec & Raffaele - Les Humanoïdes Associés

Par François Peneaud le 14 avril 2007                      Lien  
Les sanatoriums ne sont pas toujours des endroits où il fit bon vivre, et cette nouvelle série, inspirée de faits réels, nous le prouve.

La tuberculose fut un fléau des deux côtés de l’Atlantique. Dans le Kentucky du début du XXième siècle est construit sur les collines de Waverly un sanatorium qui va atteindre au milieu des années 20 une capacité de plus de 400 places. On y meurt alors facilement, avant la découverte en 1943 de la streptomycine. C’est huit ans plus tard que se passe l’essentiel du premier tome de la nouvelle série de Christophe Bec et Stefano Raffaele, alors que Doris, une jeune femme jadis traitée dans cet établissement, y amène sa fille Cora, malade elle aussi, et y prend un emploi d’infirmière pour pouvoir assurer le financement des soins de l’enfant.

Il est amusant de remarquer que si le scénariste Christophe Bec s’est inspiré d’un sanatorium ayant existé, il a aussi repris une partie des légendes circulant autour de celui-ci : fantômes d’infirmières suicidées, ombres entr’aperçues dans les couloirs des années après sa fermeture, etc. L’intérêt de ce premier tome réside donc dans la façon dont le scénariste et le dessinateur donnent vie à ces légendes en créant un certain nombre de personnages confrontés à l’ambiance délétère des bâtiments hantés.

Pandemonium - T1 - Bec & Raffaele - Les Humanoïdes Associés

Dès la couverture, le ton est donné : un angle penché, une femme affolée portant une enfant malade... le lecteur ne doit pas s’attendre à rire beaucoup. La montée de l’angoisse est plutôt bien menée, que ce soit dans la distillation des révélations de ce qui s’est jadis passé à Waverly Hills, ou dans la narration et le dessin de Raffaele, qui a déjà prouvé ses talents pour représenter l’angoisse, avec sa série Fragile.
Ici, son trait est plus proche d’un certain classicisme réaliste français et tend moins à l’expressionnisme. Mais il faut voir quel soin est apporté aux nombreuses cases où le regard des personnages joue un rôle primordial. Raffaele est un maître du regard inquiet, ou même halluciné.
Il est d’ailleurs superbement secondé par le travail de Marie-Paule Alluard aux couleurs. Si la tentation du monochromatique ne donne pas dans tous les albums un résultat convaincant, la coloriste prouve qu’on peut toujours en user de façon intelligente, surtout si l’on n’en abuse pas.

Même si les personnages ne sont pas très développés dans ce premier volume, la mise en place de l’atmosphère et l’utilisation de ces lieux très particuliers procurent un vrai plaisir de lecture. Un certain nombre de thèmes sont par ailleurs abordés, comme les différences de traitement entre les patients blancs et les noirs.
L’utilisation d’un personnage comme celui de Doris, qui revient sur les lieux après tant d’années et découvre petit à petit la vérité, est cependant plus qu’un système narratif pratique : quoi de plus touchant que l’amour d’une mère pour sa fille malade ?

(par François Peneaud)

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