Pour Sara, les réunions de famille sont aussi angoissantes que ses questionnements d’avenir. Elle se décide enfin à partir dans une petite ville allemande, pour y apprendre la gravure, mais aussi pour penser à autre chose. Sur place, une vieille dame mystérieuse et douce, Greta, l’héberge. Et Sara, tout en s’acclimatant à sa formation et aux nouveaux camarades qu’elle côtoie dans l’atelier, commence à se poser des questions. Cette aimable retraitée lui cache-t-elle des choses ? D’ou viennent ces bruits, le soir, quand elle tente de trouver le sommeil ? Des obsessions qui finissent par perturber sa vie sociale, Sara demandant même à un camarade allemand de l’accueillir chez lui. Il va quand même bien falloir connaître la vérité et parler à Greta...
Seulement 26 ans pour Ana Sainz, qui utilise le pseudo Anapurna pour cet album. Son dessin est aussi étonnant que son univers : les personnages féminins portent des motifs arrondis sur les joues, et les formes sont remplies par des traits noirs plus ou moins intenses, évitant les a-plats. Il faut un temps d’adaptation pour entrer dans cette histoire, dont la révélation finale apporte une conclusion très émouvante.
Tout en accumulant des scènes intimistes qui semblent parfois figées, Anapurna parvient à enrichir ses personnages, ménageant des pauses muettes pertinentes pour entrer dans les fantasmes de Sara. Et tandis que les débats sur l’état de l’Union Européenne n’en finissent pas d’alimenter la presse, ce périple d’une espagnole en Allemagne casse bien des idées reçues tout en soulignant que l’humanisme et la solidarité irriguent toutes les bonnes volontés, surtout parmi la jeunesse.
(par David TAUGIS)
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