Pendant l’automne de 1939, ce paysage aujourd’hui recouvert par la neige, les a laissé passer. En mars 1940, croyant enfin rentrer chez eux, ils ont repris le chemin dans l’autre sens. Mais, cette fois, le paysage ne les a pas laissés le traverser : il les a gardés et a tenté par tous les moyens de recouvrir jusqu’à leur moindre trace. D’abord, nier la valeur de leur existence. Ensuite, refuser leur mort. Enfin, interdire leur deuil en empêchant de les approcher. Pourtant, ils ne cesseront jamais de vivre dans leur pays, et, cinquante ans après, ils troublent encore les relations entre deux états. Les pins, témoins muets de leur exécution, ont continué de grandir : ils sont toujours là-bas, les corps aussi... recouverts aujourd’hui parla neige.
Avril 1943 : les corps de 4243 officiers polonais ont été découverts alignés dans des fosses communes, après avoir été abattus d’une balle dans la nuque. On les découvre enterrés dans huit fosses d’une profondeur de deux à trois mètres, superposés en dix à douze couches. Leurs visages étaient tournés vers le sol : hallucinant enchevêtrement de corps collés entre eux à cause de la décomposition...
(par JLM)
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Ce n’est pas une BD comme les autres. On dirait plus un reportage qu’un récit historique, d’ailleurs. Sous des dessins très élégants, Gorski nous raconte une histoire certes authentique, mais un peu embrouillée par moment. Le lecteur doit prêter attention aux multiples protagonistes de cette histoire, aux noms difficiles à retenir. Peut-être eût-il été préférable de donner moins de détails, voire même de tricher un peu avec la vérité pour donner plus de puissance et d’émotion à cette tragédie odieuse. Ce n’est pas le parti qu’a choisi Gorski, au risque de heurter certains de ses lecteurs... Mais peut-être d’en trouver d’autre. Et pourquoi pas être le précurseur d’un nouveau genre en BD, le documentaire historique rigoureux ?