Depuis près de 30 ans que Bilal a marqué le monde de la BD par son style unique et ses visages marqués emplis de noblesse et de souffrance, ses obsessions demeurent.
Ce nouvel album diffère au bout du compte assez peu de sa production habituelle : dans un monde au bord du gouffre, les humains ne peuvent survivre qu’en puisant dans les flux vitaux des animaux les plus résistants, et s’entretuent pour l’eau et l’abri.
Animal’z met en parallèle des convois de survivants isolés qui vont tour à tour s’allier, se jauger, s’affronter.. Pour finir par revenir au point de départ : repartir pour quêter d’improbables oasis...
Le gris à peine nuancé de Bilal, tâché de ci de là de rouge, ajoute à l’ambiance morbide de cet album plongé dans une noirceur éthérée. Les quelques touches d’humour relèvent plus de la respiration obligatoire qu’autre chose.
Mais plus gênant, l’auteur donne l’impression de s’intéresser plus aux duels successifs entre ses personnages qu’à une véritable intrigue solide, s’appuyant sur des rebondissements réguliers.
Un de ses solitaires humanoïdes passe son temps à citer de grands auteurs. Nul ne s’étonnera d’y voir figurer en bonne place Camus et Cioran, bien connus pour leur humour désopilant et leur joie de vivre inébranlable. Une fois de plus, cette culture angoissée...
Style, raffinement, élégance des références littéraires : des qualités qui n’évitent pas au lecteur l’impression de sur-place. Pas vraiment insupportable, mais réellement frustrant.
(par David TAUGIS)
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Animal’z - Par Enki Bilal - Casterman
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