Aujourd’hui. Sans aucune raison, instantanément, les animaux « s’éveillent » et ils peuvent parler. Tous les animaux : du chien au serpent, du moineau aux insectes. Tous prennent conscience d’eux-même et de leur état.
En quelques instants, c’est le chaos, une lutte s’engage entre les anciens dominants et ceux qui veulent se faire une place au soleil, soit pour se venger, soit simplement pour prendre la place qu’ils estiment leur revenir. Dans tous les cas, l’espère humaine n’est pas à la fête...
C’est aussi l’heure des choix pour les animaux domestiques : se rebeller ou aider leurs anciens maîtres. C’est le cas de Sandor, le chien de Jesse, qui considère la petite fille comme la sienne. Ça tombe bien, après la mort de ses parents, il va devoir s’en occuper.
S’ensuit un périple à travers un univers post-apocalyptique pour essayer de trouver un havre de paix, si c’est encore possible. Avec d’autres compagnons de route, ils enchaînent les rencontres, plus improbables les autres que les autres, comme la forteresse des animilitaires ou encore une ruche géante.
Trois tomes de cette série sont parus pour le moment aux éditions Snorgleux Comics qui, en deux ans, commence à avoir un petit catalogue très intéressant. Nous nous sommes fait l’écho ici de la réédition d’ElfQuest mais les autres titres sont des premières éditions en France. Loin de l’héroïque-fantaisie, Margueritte Bennett (scénariste), Rafael de la Torre (dessinateur) et Rob Schwager (coloriste), nous proposent une plongée dans un univers très proche du nôtre, et très inquiétant. Le « réveil » des animaux nous met face à nos propres choix et responsabilités.
Devenus plus « humains » que nous, comment vont-ils rétablir l’équilibre fragile que nous avons trop saccagé ? Et est-ce bien leur préoccupation, finalement ? Le genre humain va-t-il accepter de perdre sa domination absolue sur toutes les espèces vivantes ?
L’album interroge aussi sur la notion d’amour filial : Sandor aime Jesse comme sa fille, mais il a conscience de n’avoir pas la même espérance de vie. Il est déjà vieux et malade lorsque se produit l’Éveil. Comment protéger Jesse, une fois qu’il ne sera plus là ?
Les dessins réalistes de Rafael de la Torre sont magnifiques et collent parfaitement au récit. Après la mise en place dans le premier tome, les rebondissements ne s’arrêtent pas dans le second. Le troisième tome est plus posé, avec un important flash-back sur un personnage secondaire. C’est intéressant mais cela ne fait pas avancer l’action principale. Le quatrième tome est donc très attendu, en espérant que le scénario ne s’enlise pas dans des retours en arrière inutiles.
C’est donc une très bonne série, prenante et qui exploite beaucoup d’hypothèses auxquelles nous n’aurions pas pensé de prime abord (la réduction en esclavage des abeilles par exemple, pour les forcer à polliniser les champs...). Remarquons les cliffhangers à la fin de chaque tome, particulièrement réussis.
Cette série n’est pas sans rappeler le roman L’Éveil de Jean-Baptiste de Panafieu (3 tomes parus chez Gulf Stream édition), qui traite exactement du même sujet. Une belle manière de prolonger la lecture d’Animosity.
(par Jérôme BLACHON)
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