Bananas n°16 - Figures oubliées

Ce n’est évidemment pas le cas de la série Donjon, auscultée par Olivier Jarrige sous l’angle de la peur du pouvoir en nous invitant à relire cet univers au succès toujours confirmé.

La dessinatrice qui fait la couverture n’est pas une star. Et pourtant, Janine Lay, dont Fernand Bonnefoy relate l’itinéraire personnel et professionnel, fut à l’origine des séries emblématiques de la presse catholique. La chevrette fantôme, Priscille et Olivier, et surtout les jumelles firent les beaux jours de titres pour la plupart disparus, comme Bernadette, Lisette ou encore Record , ainsi que des éditions Fleurus. Un bel hommage à cette inconnue du grand public, figure d’une époque où les auteurs étaient si peu considérés que, bien souvent, leurs travaux n’étaient même pas signés !

Si pour reprendre l’expression d’Evariste Blanchet, ce numéro sent un peu « l’eau bénite », c’est aussi avec un autre article documenté consacré à une revue d’obédience catholique, Coeurs Vaillants ; revue emblématique dont Stéphane Pasquier-Miyazaki décrit l’épopée éditoriale de 1928 à 1940. Marijac, Cuvillier ou Hergé avec les premières publications des aventures de Tintin ont contribué au renom de ce journal à l’histoire agitée.

Femme de l’ombre, Gisela Dester le fut assurément ! Cette dessinatrice, à la fois la collaboratrice et compagne d’Hugo Pratt, a accompagné le maître pendant sa période Argentine. Retrouvée pour les besoins du film Hugo en Argentine par Stefano Knuchel et Marco Steiner, cette femme fait l’objet d’un court portrait issu de cette rencontre improbable.

Roman-photo et bande dessinée ont conservé des liens souvent plus étroits qu’on ne le pense. D’où ces allers-retours, que beaucoup d’entre nous ont pu apercevoir à la lecture de Fluide Glacial, Hara-Kiri ou à travers la production des éditions FLBLB. A la faveur de la retranscription d’une rencontre en décembre 2021, dans le cadre du SObd, cet article confronte les positions de quelques experts du genre parmi lesquels Bruno Léandri, Jan Baerens et l’éditeur Benoit Vidal.

Côté underground, on relèvera un intéressant retour sur le fanzine Zinc. « Revue comète » au coeur des années 70 où s’essayèrent quelques auteurs comme Nicoulaud, Masse ou le méconnu Pierre Guiton.

Terminons en signalant le récit de la carrière de Giorgio Rebuffi, une figure de la bande dessinée italienne dont Manuel Hirtz et Harry Morgan brossent un portrait riche et documenté.

Encore un beau numéro pour une revue associant rigueur et éclectisme qui est disponible par abonnement ou en librairie spécialisée.