Après des années à s’être fait passer pour mort, le jeune milliardaire et fils prodige Bruce Wayne est de retour dans la cité du crime. Mais refusant catégoriquement d’embrasser son héritage et de se révéler aux yeux du monde, le jeune homme s’arme de ses années d’apprentissages à travers le monde et de ses gadgets farfelus pour initier sa croisade contre le crime qui gangrène sa cité.
Sa première cible : le gang du Red Hood, mouvement criminel frappant de manière aveugle et violente. La ville est peu à peu plongée dans le chaos alors que les membres du gang ne se révèlent être que de simples personnes lambda endoctrinées à une cause nihiliste sans réel objectif, et Bruce devant l’inefficacité de ses actions se rendra bien vite compte qu’il manque quelque chose à ses cabrioles et ses stratégies pour pouvoir s’imposer comme un garde-fou à la criminalité rampante : il lui manque le symbole...
L’arc narratif en cours, Zero Year, se décompose en douze chapitres rassemblés au sein de trois actes. Secret City qui nous est ici proposé dans son intégralité, suivi par la parution prochaine du tome 5 de Batman en février 2015 qui regroupera les deux suivants, Dark City et Savage City, avec pour toile de fond la naissance et l’ascension du Batman en tant que légende urbaine.
Une évolution du personnage qui sera en parallèle suivie par celle d’un célèbre antagoniste qui s’abreuvera et s’inspirera de la chauve-souris, le Sphinx, caractérisé de telle manière à ce qu’il corresponde à la thématique désirée par Scott Snyder, une personnification d’une peur plus actuelle que celle dépeinte dans le Year One de Frank Miller et David Mazzucchelli, une terreur plus soudaine et violente qui vient frapper sans crier gare dans une société aseptisée et surprotégée.
Ce changement de ton s’opère également de façon visuelle : Snyder et Greg Capullo abandonnent l’aspect polar très sombre et lugubre instauré par Miller pour nous pondre une mégalopole plus en accord avec l’époque, moins sale et délabrée et avec plus de fantaisie et de modernité dans l’architecture des bâtiments.
Mais là où la surprise est totale, c’est dans le choix de la colorisation qui use sans vergogne d’une palette de couleurs vives et électrisantes qui servent à mettre en évidence l’effet spectaculaire, très portée sur l’action, que cherchent à communiquer les auteurs. C’est dans l’air du temps.
L’album verra s’affronter les avis sans aucun doute, et de la manière la plus radicale qui soit. Car il sera pour beaucoup difficile de supporter un Bruce Wayne défini sur cette première étape de ses nouvelles origines comme un vrai petit con entêté et aveuglé par des idées qui ne laissent guère de place au compromis. Ou tout simplement par l’impression de toucher là un mythe fondateur de l’un des personnages les plus emblématiques de la bande dessinée, alors même que l’histoire ne fait que se répéter.
Quoi qu’il en soit, nous attendons la suite et fin de cet arc pour mieux nous prêter au débat dès l’année prochaine.
(par Marco ZANINI)
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