Ce Noir portant une lourde charge, exploité par de riches propriétaires blancs, ne vit pas aux États-Unis. Il incarne les milliers d’esclaves venant du Mozambique ou d’Angola utilisés par le Brésil, jusqu’à la fin du XIXème siècle. En quatre nouvelles graphiques au noir et blanc sobre et efficace, cet album illustre le destin de damnés méconnus dont les descendants, aujourd’hui encore, n’ont pas la même place que les blancs dans une société brésilienne censément représenter une diversité idéale.
Cumbe [1], œuvre du brésilien Marcelo d’Salete, s’inscrit graphiquement dans la grande tradition latine du noir et blanc tendance dramatique. Sur le fond, c’est un véritable outil pédagogique, un moment d’histoire qui pousse à approfondir. Beaucoup apprendront par ces histoires très lisibles comment vivaient les esclaves au sud de l’Amérique. Un quotidien qui ressemble énormément à celui de leurs frères du Nord, avec les mêmes violences, humiliations, droits de cuissage.... Mais le sens du récit de l’auteur, et son ambition narrative, évitent la leçon de chose. Pas de rappels historiques, pas de repères précis ou de figures connues, le scénario joue la carte du symbole avec des personnages qui sont des résistants, luttant désespérément face aux fusils et aux chiens. Tout en respectant une vérité incontestable, Marcelo d’Salete s’autorise quand même des échappées oniriques où l’espoir se fait une place. Des éléments poétiques qui apportent au lecteur un peu de répit avant de plonger dans des réalités implacable.
C’est un premier ouvrage pour d’Salete en France, paru en 2014 au Brésil, qui est le troisième opus de l’auteur, après Lumière de Nuit en 2008 et Encruzilhada en 2011.
(par David TAUGIS)
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