Emmanuel Guibert à l’Académie des Beaux-Arts ! Rien d’étonnant à ce que créateur de La Guerre d’Alan et du Photographe soit présent dans ces murs, les plus prestigieux de la République en matière d’art. Guibert est un véritable artiste, toujours dans l’enthousiasme, dans l’empathie et dans l’expérimentation. Une personnalité rayonnante qui fut partie prenante de l’émergence d’une nouvelle génération de créateurs exceptionnels qui marqueront notre époque : Catherine Meurisse, Marjane Satrapi, Joann Sfar, Émile Bravo, Blutch, ou Christophe Blain pour ne citer qu’eux. De tous, il est certainement le plus libre et le plus empathique. Comme Catherine Meurisse, élue à l’Académie -la première dans la catégorie « bande dessinée », sa référence est l’art, dans ce qu’il a de plus noble, de plus humain, de plus universel.
Les Beaux-Arts lui ouvrent ses cimaises ? C’est à ses amis qu’il pense : à l’Américain Alan Ingram Cope, le héros de La Guerre d’Alan (L’Association) et des titres qui y sont attachés, et Didier Lefèvre, reporter-photographe, avec qui il réalisa Le Photographe (Éditions Dupuis). Évidemment que c’est lui qui, indirectement, est célébré, mais il le fait par amitié interposée, faisant entrer ces deux figures dont il a façonné la mémoire dans celle de chacun de ses lecteurs, atteignant à ce quoi aspire l’art, au final : à l’éternité.
C’est ce qui transparaît dans son petit livre « Légendes : dessiner dans les musées » (édition Dupuis) composé de croquis au dessin libre réalisés en visitant les musées. Cette façon de faire, qui perpétue l’enseignement académique précisément, est la meilleure façon d’aborder l’œuvre d’art : sans sujétion, d’égal à égal… en artiste !
Il est accompagné dans l’aventure de exposition par Philippe Ghielmetti, l’un des plus grands maquettistes français, le seul à avoir remporté un Eisner Award et un Harvey Award “Best Publication Design” pour le livre Little Nemo (Sunday Press) en 2009. Il est le graphiste de référence du Festival d’Angoulême et des magnifiques intégrales de classiques de Dupuis.
Il est ici pour accompagner Guibert, le véritable commissaire de l’exposition, mais là encore, sous le sceau de l’amitié : éditeur de musique sous le label ‘Vision Fugitive », il avait fait appel à Guibert pour illustrer les pochettes de sa collection de disques et surtout « La musique d’Alan », inspiré des albums d’Emmanuel, où un ensemble de musiciens franco-américains composent et improvisent autour de la biographie d’Alan Ingram Cope. Le disque, sorti en août 2020, est un pur moment de bonheur.
De la photo à la peinture et à la musique, Emmanuel Guibert aime à se promener dans les Beaux-Arts avec les qualités qui le caractérisent : élégance et grâce.
Voir en ligne : Le site de Vision Fugitive
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Exposition "Emmanuel Guibert - Biographies dessinées"
Académie des beaux-arts
du 10 septembre au 18 octobre 2020
Pavillon Comtesse de Caen de l’Académie des beaux-arts
(27, quai de Conti, VIe arrondissement)